La criminalisation des mouvements sociaux est de retour
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Nawaat, 30 janvier 2016
La criminalisation des mouvements sociaux est de retour
Henda Chennaoui
Dix jours après leur déclenchement, une vague de répression s’abat sur les mouvements de la contestation sociale revendiquant développement régional et emploi. 9 personnes ont été arrêtées et des dizaines ont été interpellées par la police. le pouvoir a visiblement choisit la criminalisation des mouvements sociaux
Dimanche 24 janvier, les arrestations ont commencé à Zaghouan suite aux manifestations, sit-in et rassemblements pacifiques entre le Fahs, Bir Mchargua, Zaghouan centre, Nadhour, et Hebas. Six jeunes sont encore en état d’arrestation (Mohamed Amine Gharbi, Hamdi Souli, Amir Ben Ahmed, Abdelhak Mehathbi, Chaker Akili et Ramzi Kanzari ). Ils sont accusés de « formation d’une bande de malfaiteurs et incitation au désordre ».
De leur coté, les jeunes contestataires, affirment que « les manifestations étaient pacifiques et encadrées par la société civile. Les jeunes arrêtés par la police font partie du comité qui a négocié avec les responsables locaux. Nous avons des vidéos qui prouvent qu’ils étaient tout le temps en train de calmer les tensions entre la police et les manifestants » nous explique Sabri Ben Slimane, membre du mouvement protestataire dans la région de Zaghouan.
Le mercredi 20 janvier, Le mouvement a commencé dans la zone industrielle de la ville de Zaghouan pour demander d’embaucher les jeunes, et mettre fin aux anciennes pratiques de népotisme et de favoritisme. « Le mouvement a pris de l’ampleur et nous avons réussi à avoir une réunion avec le délégué régional et les représentants régionaux de l’UGTT, l’UTICA, la Banque tunisienne de solidarité, afin d’ouvrir des négociations sur l’emploi, les crédits agricoles et le développement régional » explique Houssem Bouguerass, jeune militant de la société civile.
Jeudi 28 janvier, nombreux sit-ineurs de Kerkennah ont été interpellés par la police sous prétexte de trouble à l’ordre public. Alors qu’un accord a été signé entre les habitants de la ville et les autorités locales pour ouvrir des négociations sur l’emploi. Les sit-ineurs ont été surpris de ce volt-face et des arrestations visant à casser le sit-in. Dans un communiqué, rendu public le vendredi 26 janvier, l’Union des chômeurs diplômés confirme que « le gouverneur de Sfax a annulé une réunion prévue le 5 février prochain ». Ahmed Souissi, membre du bureau local de l’UDC, affirme que les négociations ont bien avancé, durant la semaine dernière, avec le gouverneur de Sfax et avec Kamel Jendoubi, ministre chargé des instances constitutionnelles et la société civile. « Ce retour aux solutions sécuritaires et à la répression prouve que le pouvoir n’a pas de solutions à proposer aux problèmes de chômage et de développement » accuse Ahmed.
Mais dès le lundi 25 janvier, les forces de l’ordre procèdent à une intervention musclée pour lever le sit-in des jeunes chômeurs au siège du gouvernorat de Jendouba. Le bureau régional de la Ligue tunisienne des droits de l’homme a dénoncé, dans un communiqué publié tard dans la soirée de lundi, la violence policière et les agressions contre les sit-ineurs pacifiques. Selon la LTDH, un sit-ineur a été transporté à l’hôpital régional. Mardi 26 janvier, les habitants se sont rassemblés devant le gouvernorat pour contester les agressions policières. À l’heur qu’il est, les habitants continuent leur sit-in et contestent le silence des autorités locales qui refusent d’après eux « toute forme de dialogue avec les habitants ».
Mardi 25 janvier, à Ghar Dimaou, des témoins oculaires nous ont confirmé que la police prend en otage les sit-ineurs au sein de la délégation. D’après nos sources, les forces de l’ordre ont bloqué tout accès au sit-in. Des dizaines de chômeurs et des ouvriers de chantiers continuent à occuper la délégation de Ghar Dimaou.
À kasserine, creuset de la récente vague de contestation sociale, les jeunes se trouvent, ironiquement, accusés de vol par la police de la ville.
Mardi et mercredi 26 et 27 janvier, Hamza Saihi, Sadek Sassi et Nooman Mhamdi, militants de la société civile ont été interpellés par la police pour un interrogatoire. La police accuse ces jeunes d’incitation à la violence et au désordre.
En 2015, Hamza lance avec d’autres habitants une compagne appelée « Ôtez la tôle du jardin des martyrs » [نحي الزنك من جنينة الشهداء] pour dénoncer le blocage et l’opacité du projet censé réaménager le jardin des martyrs depuis 2012.
« Lors de notre campagne, nous nous sommes rassemblés devant le jardin et quelques uns ont enlevé la tôle ondulée en signe de protestation contre l’incompétence et la mauvaise gestion de la municipalité » nous explique Hamza, encore surpris de voir son nom associé aux accusés.
Un huissier a fait un constat lors de notre rassemblement pour prouver que rien n’a été enlevé ou volé durant notre action pacifique,
assure Hamza.
L’intimidation des mouvements sociaux a démarré à Deguech ( Tozeur ), samedi 23 janvier, deux militants de la société civile, Allala Mastouri et Samer Bouyahya, ont été arrêtés. Un avis de recherche a été émis à l’encontre d’un troisième militant, Ahmed Taheri. Les trois sont accusés d’avoir participé aux saccage et pillage qui ont eu lieu, jeudi 21 janvier dans la ville. En grève de la faim depuis mercredi 27 janvier, Ammar Msatra, membre du bureau local de l’Union des diplômés chômeurs, affirme que le délégué a sollicité la société civile, le jeudi dernier, pour « encadrer les jeunes manifestants et protéger les institutions publiques de la ville des casseurs. Les trois militants accusés sont, parmi les éléments qui ont risqué leur vie pour aider la police à protéger les institutions publiques ».
D’après Ammar, un poste de police a été brûlé, deux administrations et une association pour handicapé ont été volés. « Le lendemain des événements, les autorités commencent à interpeller les jeunes qui ont protégé la ville sous prétexte de désordre public » s’indigne Ammar qui continue sa grève de la faim au siège de la délégation accompagné de dizaines de sit-ineurs de toute la société civile locale. Jeudi, 28 janvier, Allala Mastouri et Samer Bouyahya ont été libérés sous pression de la société civile et surtout de la LTDH.
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os posts são sempre bem didático e simples de entender .
até mais
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