La Conférence de Berlin du 1884-85
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L’Afrique noire, ses noms d’oiseaux et les menteries occidentales…
Jean Marc Soboth
Au cours d’une récente édition de l’émission hebdomadaire bilingue «Amandla» sur Radio McGill (CKUT FM 90.3 Montréal), je suis revenu dans une chronique sur la Conférence de Berlin. Il s’agit de la grand’messe coloniale européenne convoquée à l’initiative du Portugal par le Chancelier allemand Otto von Bismarck pour se partager l’Afrique comme un morceau de gâteau et qui dura de novembre 1884 à février 1885.
Ce raout cynique qui a offert aux Africains les noms d’emprunt et les territoires que nous défendons aujourd’hui en guise de nationalités eût pour but de départager définitivement les territoires conflictuels qui furent, naguère, dédiés à la chasse à l’homme noir à des fins esclavagistes.
Entre les colons, les escarmouches foncières se multipliaient. Dans le même temps, les Arabes-musulmans faisaient parfois aux Européens une concurrence féroce dont la particularité fut qu’ils perpétuaient leur chasse armée à l’esclave noir, bête de somme internationale de l’époque.
La Conférence sonnait le glas de l’économie esclavagiste au profit du pillage plus systématique des richesses découvertes sur place en Afrique noire. Elle se voulait donc une institution plus «humaniste» comparée à l’esclavage. Plus «humaniste» parce qu’elle promettait en fait de se limiter à l’utilisation de l’indigène comme outil à l’exploitation de son propre environnement au profit des Nations «civilisées» chrétiennes -- avec notamment les pratiques de travaux forcés, les exécutions sommaires, la privation de toute instruction à l’indigène, la christianisation biaisée...
Une constante toutefois à cette Conférence imposa grosso modo les frontières modernes du Continent: aucun Africain n’y fut convoqué. Aucun n’y pris part même comme simple observateur.
Cette réalité banale confirme à quel point les souverains africains n’avaient de prise sur la réalité du pouvoir sur leur Continent où les puissances coloniales venaient d’imposer manu militari plusieurs siècles de commerce humain comme unique activité économique…
Questions simples. Si effectivement les Africains avaient, comme les plus «sérieux» historiens/universitaires occidentaux le prétendent, imposé la Traite négrière transatlantique et qu’ils avaient le pouvoir de disposer d’eux-mêmes ou de changer les choses, pensez-vous qu’ils auraient été contournés à la Conférence de Berlin par les anciennes puissances esclavagistes? Doit-on croire comme ces menteurs nous l’enseignent depuis des lustres que «les Africains ont vendu leurs frères» et ne pas croire que cette menterie ressemble aux récents massacres «démocratiques» de l’OTAN aujourd’hui, qui furent et demeurent en fait que des activités normales de la communauté internationale de l’époque comme d’aujourd’hui?
Appendice: La Conférence de Berlin (Wikipedia)
La conférence de Berlin marqua l’organisation et la collaboration européenne pour le partage et la division de l’Afrique. Cette conférence commença le 15 novembre 1884 à Berlin et finit le 26 février 1885. À l'initiative du Portugal et organisée par Bismarck, l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie, la Belgique, le Danemark, l'Empire ottoman, l’Espagne, la France, la Grande-Bretagne, l’Italie, les Pays-Bas, le Portugal, la Russie, la Suède-Norvège ainsi que les États-Unis y participèrent. Une conférence antérieure[1] fit commencer le débat sur la conquête des Congos[2] et amorça ainsi le début des luttes coloniales. La conférence de Berlin aboutit donc à édicter les règles officielles de colonisation. L’impact direct sur les colonies fut une vague européenne de signature de traités.
Contexte
Pendant de longues années, l'intérieur du continent africain, souvent difficile d'accès, n'a pas intéressé les puissances européennes qui se contentaient d'y établir des escales ou des comptoirs de commerce. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, l'appétit des puissances Européennes est stimulé par la découverte de richesses insoupçonnées, à l'image des mines de diamants du Transvaal découvertes en 1867. Durant les années 1880, les visées colonisatrices européennes en Afrique s'intensifient jusqu'à créer des tensions entre les différentes puissances. En 1881, la France occupe la Tunisie[3], froissant au passage la susceptibilité de l'Italie, pose ses premiers jalons dans les territoires constituant l'actuelle République du Congo et s'empare de la Guinée en 1884. En 1882, le Royaume-Uni s'empare de l'Égypte, une province de l'Empire ottoman avant de se tourner vers le Soudan et l'actuelle région du Somaliland (que les colonisateurs dénommeront en 1884 Somalie britannique). En 1885, l'Italie prend possession d'une partie de l'Érythrée, alors que l'Allemagne déclare en 1884 avoir pris possession du Togo, du Cameroun, du Sud-Ouest africain (l'actuelle Namibie) et de l'Afrique orientale allemande en 1885. La conférence de Berlin fut convoquée de novembre 1884 à février 1885. À cette conférence fut décidé le partage systématique de l'Afrique et l'installation de façon durable de la colonisation de l'Afrique
La concurrence engendrée par l'exploration du bassin du Congo (1874-1877) par Henry Morton Stanley, qui efface l'une des dernières terra incognita de la carte du continent[4], conduit à l'organisation de la conférence de Berlin. En 1876, la conférence de géographie de Bruxelles (12-19 septembre 1876) avait été convoquée par le roi des Belges Léopold II afin d'envoyer des expéditions au Congo pour les motifs présumés d'y abolir la traite des Noirs maintenue par les arabes et, selon ses propres termes, de « civiliser » le continent africain. Elle aboutit à la création de l'Association internationale africaine. Dès 1878, le roi Léopold II saisit l'occasion de la traversée du continent par H.M Stanley pour l'inviter à se joindre aux travaux de la nouvelle association.
En 1878, la Belgique créé aussi l'Association internationale du Congo qui présente des objectifs plus explicitement économiques ; elle reste toutefois en relation avec l'Association internationale africaine qui lui offre un paravent philanthropique. Stanley est chargé de retourner au Congo avec la mission secrète d'établir un État, le futur État indépendant du Congo, dont il serait le chef au nom de l'Association internationale africaine.
Dans le même temps, la France affirme son intérêt pour la région : l'officier Pierre Savorgnan de Brazza remonte le bassin du Congo pour fonder Brazzaville en 1881. Le Portugal, qui s'appuie sur des traités antérieurs signés avec l'Empire Kongo, revendique une souveraineté sur ces mêmes territoires. Il passe le 26 février 1884 un accord avec le Royaume-Uni pour bloquer l'accès de l'océan Atlantique à l'Association internationale du Congo. Le Portugal conçoit alors l’idée d’une conférence internationale pour le partage de cette région. L’idée fut immédiatement reprise par l’Allemagne avec le chancelier Bismarck qui convoqua la Conférence de Berlin le 14 novembre 1884.
La conférence
Bismarck se pose en médiateur de la crise, profitant de l'occasion pour affirmer un peu plus le rôle central de l'Allemagne dans le concert des nations. Quatorze puissances participent aux débats : Allemagne, Autriche-Hongrie, Belgique, Danemark, Empire ottoman, Espagne, États-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie, Pays-Bas, Portugal, Russie, Suède. Les peuples et les rois africains sont tenus à l'écart de toutes les discussions. La conférence présente un ordre du jour plus important que la simple question congolaise. On y parle principalement de la liberté de navigation et de commerce ainsi que des modalités d'installation sur les côtes.
Deux conceptions s'opposent. D'un côté, Bismarck entend garantir la liberté de navigation et de commerce dans toute la zone. De l'autre, le Portugal, soutenu par le président du conseil français Jules Ferry, conçoit les colonies comme un monopole commercial détenu par la métropole. Au final, la conférence établit une liberté de commerce étendue dans les bassins du Congo et du Niger, mis à part dans le domaine du transport d'armes.
Les frontières du nouvel État sont fixées : au total, Léopold II de Belgique reçoit, à titre personnel, deux millions et demi de kilomètres carrés qui deviendront plus tard l'État indépendant du Congo[5]. Au nord-ouest de l'État ainsi formé, 500 000 km2 reviennent à la France (bientôt baptisé Congo-Brazzaville). La France se voit aussi attribuer la partie intérieure du Niger dont le Royaume-Uni contrôle le delta. Du côté allemand, on espère que les concessions territoriales faites à la France atténueront le ressentiment né de la perte de l'Alsace-Lorraine à la suite de la guerre franco-prussienne de 1870. Le Portugal abandonne ses prétentions au nord de l'estuaire du Congo, sauf en ce qui concerne l'enclave de Cabinda.
Comments
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