Le Grand Soir, 27 décembre 2011


Troisième lettre ouverte d’un prêtre Arabe de Syrie à Monsieur Alain Juppé, Ministre français des Affaires Étrangères

Elias Zahlaoui

Cette fois-ci, laissez-moi vous féliciter.


En effet, votre bande de "Grands" assassins à la solde d’Israël, a fini par trouver, en ce qui s’appelle la Ligue Arabe, le nouveau Ali-Baba, qui est censé vous ouvrir la porte de la Syrie.


Eh oui, cette Syrie, dont M. BARRAULT, ancien directeur du Louvre, avait dit un jour, en un moment de grande vérité, qu’elle est la seconde Patrie de tout être humain… digne de ce nom. La Syrie, ce berceau incomparable des Civilisations et des Religions, doit être annihilé, pour la simple raison qu’elle empêche Israël, ce paradis exceptionnel de tous les droits humains et divins, de vivre en paix !


Pauvre Monsieur JUPPÉ ! Pauvre France ! Pauvre Europe !


Où donc allez-vous ? Où donc menez-vous le monde ?


Ou plutôt, où vous mènent les États-Unis ? Et où, en fait, Israël mène les États-Unis ? Ne seriez-vous tous, en fin de compte, qu’un troupeau d’esclaves au service du Sionisme international ?


Pouvez-vous ignorer que vous tous préparez, au niveau du monde, des lendemains pire que ce qu’ont été vos passés, tout d’injustices, de massacres, de rapines, de génocides, de famines, d’exploitations, d’esclavages, de mensonges et de turpitudes ?


Mais sachez aussi que vous vous préparez, au niveau de tout l’Occident, aussi bien européen qu’étatsunien, des lendemains ruisselants d’horreurs, de sang et de terreur.


Monsieur le Ministre,


Professeur d’université comme vous êtes, vous devez savoir que l’histoire ne pardonne pas.


Sa logique est implacable. Vous avez beau être puissants en ce moment, un jour viendra où votre Occident arrogant, menteur, insatiable et sanguinaire, chancellera sous le poids, si coûteux, de ces crimes et de ses bêtises "historiques", ainsi que des soubresauts inéluctables de vos victimes et de leurs descendants !


En effet, qui peut nier que "vos exploits" en Irak et en Iran d’abord, ensuite au Koweït et en Irak de nouveau, puis en Afghanistan, au Pakistan, en Somalie, au Soudan, au Liban, en Lybie dernièrement, pour "défendre les droits humains"…, et toujours en Palestine bien sûr, constituent un palmarès sans précédent, quant à l’étendue des désastres humains et des profits pétroliers, opérés en un laps de temps si court. Il manquait à ce tableau "grandiose", la Syrie, pour que les "Grands" de l’Occident, dont vous êtes bien sûr, méritent l’unique honneur de transformer Hitler même, face à eux,en un modeste enfant de choeur !


Mais, vous sachant talonné par le souci pressant de mettre les dernières touches au plan de destruction de la Syrie, je m’interdis aujourd’hui d’être long. Je laisserai donc à deux voix remarquables, des États-Unis et de France, d’être mon interprète pour ce qui me reste aujourd’hui à vous dire.


Je laisse donc la parole à Mgr Bernard LAW, l’ancien évêque de Boston. Seul, de tous les "Grands" prélats des États-Unis, il a eu le courage de dire ses quatre vérités à M. Georges BUSH Junior, dans une lettre ouverte qu’il lui a adressée le 2/4/2002. Vous savez bien ce que ça lui a coûté. Voici, entre autre, ce qu’il lui dit – et vous dit ! – dans cette lettre :


« Dites la vérité au peuple au sujet du terrorisme. Si les illusions au sujet du terrorisme ne sont pas détruites, alors la menace continuera jusqu’à notre destruction complète…


Aucune arme, de votre arsenal, ne peut éviter une bombe terroriste. C’est un fait militaire…


Monsieur le Président,


Vous n’avez pas dit la vérité sur le "pourquoi" nous sommes la cible du terrorisme, quand vous avez expliqué pourquoi nous bombarderions l’Afghanistan et le Soudan. Vous avez dit que nous étions la cible du terrorisme, parce que nous défendions la démocratie, la liberté et les droits humains dans le monde.


C’est absurde !


Nous sommes la cible des terroristes, parce que, dans la plus grande partie du monde, notre gouvernement a défendu la dictature, l’esclavage et l’exploitation humaine. Nous sommes la cible des terroristes, parce que nous sommes haïs, et nous sommes haïs, parce que nous avons fait des choses odieuses.


Nous l’avons fait en Chili, nous l’avons fait au Viêt-Nam. Plus récemment nous avons tenté de le faire en Irak. C’est clair ! Combien de fois, l’avons-nous fait au Nicaragua et dans d’autres républiques en Amérique Latine ?


De pays en pays, notre gouvernement a obstrué la démocratie, a étouffé la liberté et a piétiné les droits humains…


Nous ne sommes pas haïs, parce que nous pratiquons la démocratie, la liberté et les droits humains. Nous sommes haïs parce que notre gouvernement refuse ces choses aux peuples du Tiers-Monde, dont les ressources sont convoitées par nos groupes multinationaux. Cette haine que nous avons semée, se retourne contre nous, en nous effrayant par le terrorisme, et, dans l’avenir, par le terrorisme nucléaire. Une fois que la vérité a été dite sur les raisons de cette menace, et une fois qu’elle a été entendue, la solution devient évidente.


Nous devons changer nos pratiques…


En résumé, nous devons être bons, au lien d’être mauvais, Qui alors essaierait de nous arrêter ? Qui nous haïrait ? Qui voudrait nous bombarder ?


C’est cela, M. le Président, que le peuple américain a besoin d’entendre. » Monsieur JUPPÉ, N’est-ce pas cela aussi que les peuples européens ont besoin d’entendre ?


Voici maintenant une autre voix qui vous est plus proche. Elle vient de France. Il s’agit d’un évêque aussi, mais dont je préfère taire le nom, pour lui éviter les "bonnes grâces" de votre gouvernement.


Il s’agit d’une lettre qu’il m’a écrite dernièrement, en réponse à la mienne. Je la reproduis intégralement :


« J’ai lu avec intérêt les documents que vous m’avez fait passer sur la situation en Syrie. Il se trouve que la revue "France Catholique" a publié un texte de Mère Agnès-Mariam, dans son numéro du 2 septembre.


Je suis impressionné par les manipulations et les mensonges transmis aux opinions publiques occidentales.


Comment peut-on vouloir la déstabilisation d’un pays ?


Le chaos irakien n’a pas ouvert les yeux de ceux qui pensent pouvoir manipuler des pays à distance, et les faire entrer dans une ère nouvelle ?


Le mensonge s’installe avec de plus en plus d’audace dans nos pays occidentaux, et touche bien des domaines.


Je prie pour vous et pour nous. Que le Seigneur nous prenne en pitié. »


Monsieur le Ministre, Puissiez-vous, vous aussi, vous prendre et prendre la France en pitié, et aider l’Europe à seprendre en pitié, avant qu’il ne soit trop tard.



Pr. Elias ZAHLAOUI
Église Notre-Dame de Damas
Koussour – Damas
Le 29/11/2011

 

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