Al-Ahram Hebdo, Semaine du 6 au 12 janvier 2010, numéro 800


« La barrière prive les Palestiniens de leur droit d’échapper à la mort »


Abdallah Al-Achaal, expert juridique et ex-assistant du ministre des Affaires étrangères pour les affaires juridiques internationales, les accords et la planification politique, critique farouchement la décision d’édifier une barrière souterraine le long de la frontière avec la bande de Gaza.


Al-Ahram Hebdo : Comment jugez-vous la décision de la construction de la barrière selon le point de vue du droit international ?
Abdallah Al-Achaal : La construction de cette barrière est un crime sur le plan du droit international. Pour comprendre, il faut réviser cette juridiction : chaque pays est libre de faire ce qu’il veut à condition de ne pas porter atteinte à ses voisins. Dans notre cas, la construction de cette barrière  cause non seulement des atteintes à cette génération de Palestiniens, mais aux générations futures aussi. L’Egypte a signé l’accord de Genève, ce qui implique son engagement à aider le peuple voisin victime d’une guerre, les Palestiniens, et non pas de s’associer avec leurs colonisateurs pour renforcer le blocus. Ainsi, il n’y aura ni nourriture, ni médicaments ni besoins essentiels qui pourraient être disponibles aux Palestiniens. C’est comme si on les privait du seul moyen de secours. On les prive de leur droit à échapper à la mort. Goldstone dans son célèbre rapport s’est élevé contre la fermeture du passage de Rafah. L’Egypte, avec cette barrière, se trouve en position d’un partenaire d’Israël qui œuvre pour éliminer le peuple palestinien, c’est un génocide. Le gouvernement égyptien a en plus commis un crime humanitaire.

— Quelles seraient les répercussions de cette initiative sur les plans interne et externe ?
— Le rôle régional de l’Egypte a connu une détérioration en faveur d’autres forces, comme la Turquie. L’établissement de cette barrière risque de confirmer ce recul. Actuellement, le chef d’Etat à stature régionale est Erdogan. Le gouvernement égyptien explique que sa décision vise à protéger la sécurité nationale contre la contrebande des armes et drogues. En fait, cette décision ne peut pas être justifiée de cette façon. Pour la contrebande, elle existe sur toutes les frontières et il y a d’autres mesures prévues pour la régler, cette décision vise en premier lieu l’élimination du Hamas. Et pour la sécurité nationale, elle est certainement menacée par ce projet de cette barrière, à l’origine israélo-américaine, selon le pacte signé en 19 janvier 2009 entre les deux ministres des Affaires étrangères israéliennes et américaine, Tzipi Livni et Condoleezza Rice. Un projet israélo-américain exécuté par l’Egypte. La Cour internationale de justice a condamné le mur qu’Israël a érigé en Cisjordanie parce qu’il est construit hors des territoires israéliens. Donc pour leur faciliter la tâche, nous avons construit une barrière sur notre territoire qui sert leurs buts. Le cœur du problème est que la décision égyptienne n’est pas indépendante. La notion des intérêts suprêmes de l’Egypte n’est pas définie clairement. Et sur le plan intérieur, c’est erroné de prendre une décision pareille alors qu’on est à proximité des élections.

— Quelle est la réaction positive qui peut être prise a cet égard ?

— J’appelle tous les Egyptiens à intenter un procès contre le gouvernement pour déclarer un refus populaire commun contre l’établissement de cette barrière. J’appelle aussi au changement à travers les élections, c’est le seul espoir d’un pays en voie de développement

Propos recueillis par Mavie Maher


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