Affrontements entre jeunes et forces de police
- Détails
- Catégorie parente: Maghreb et Afrique du Nord
- Affichages : 2853
Tunisie: interpellations lors d'une manifestation dans la ville minière de Gafsa
Les forces de l'ordre tunisiennes ont interpellé vendredi plusieurs manifestants à Gafsa à l'occasion du procès des dirigeants du mouvement de protestation sociale qui a secoué cette région minière du sud-ouest tunisien au début de l'année, a-t-on appris samedi de source gouvernementale.
"Quelques personnes ont tenté de perturber l'ordre public (dans cette ville) par des attroupements anarchiques sur la voie publique. Elles ont été dispersées et quelques interpellations ont eu lieu", a déclaré ce responsable sans préciser le nombre de personnes arrêtées.
De son côté, une source de l'opposition a fait état de "confrontations entre les forces de police et de jeunes manifestants dans la ville de Redeyef", une autre ville de la région.
Les manifestants, qui "scandaient des slogans dénonçant les peines sévères prononcées contre Adnane Hajji (le porte-parole du mouvement) et ses compagnons, ont été dispersés par l'usage de bombes lacrymogènes", a précisé le Parti démocratique progressiste (PDP), une formation de l'opposition légale.
Au terme d'un procès mouvementé, six dirigeants du mouvement de contestation sociale ont été condamnés à 10 ans de prison ferme, 27 prévenus ont écopé de deux ans de prison avec sursis à six ans de réclusion, tandis que cinq autres ont été relaxés.
Ils étaient jugés notamment pour "participation à une entente criminelle visant à préparer et commettre des attentats contre les personnes et les biens, troubles à l'ordre public et rébellion armée".
L'agitation dans le bassin minier de Gafsa, ville située à 350km de Tunis, a débuté en janvier dernier sur fond de revendications sociales causées notamment par la cherté de la vie, le chômage et le népotisme.
Depuis, le gouvernement a multiplié les mesures pour y améliorer la situation, lancer des projets et créer des emplois. (AP - 13.12.2008)
Arrestations de manifestants à Redeyef parmi les membres des familles de condamnés
Plusieurs arrestations ont été opérées notamment parmi les membres des familles de condamnés, arrêtés chez eux en ce samedi 13/12/2008, vers 2 h 30 du matin. Sept noms nous sont parvenus, :
- Amor Hlimi (prof de philo, handicapé) et Moussa Hlimi frères de Tarak et Haroun Hlimi, condamnés respectivement à 10 ans et 6 ans de prison par le tribunal de Gafsa le 11/12/2008.
- Othman Ben Othman frère de Taïeb Ben Othman condamné à 10 ans
- Kaïs Majdi, Abdallah Fajraoui.
- Naceur et Lahmadi Amaïdi.
La liste n'est pas encore complète.
Affrontements entre jeunes et forces de police à Redeyef: Arrestations en nombre dans la ville
Au lendemain de la parodie de justice, à l'issue de laquelle de lourdes peines ont été prononcées à l'encontre des animateurs du mouvement du bassin minier, Redeyef a été à nouveau la scène d'affrontements entre jeunes et forces de police.
Les affrontements ont éclaté hier soir vers 20h30 dans le quartier Houmet Essouk, puis se sont étendus au quartier Annezla avant de se propager au reste de la ville de Redeyef, entièrement quadrillée par les forces de l'ordre.
Tôt ce matin, entre 2h30 et 4h00, en guise de représailles la police a procédé à de nombreuses arrestations, n'hésitant pas à multiplier les intrusions dans les domiciles, défoncer les portes et agresser la population.
Les dernières informations parvenues de Redeyef font état de 23 arrestations, particulièrement parmi les jeunes récemment libérés et les proches des animateurs du mouvement condamnés jeudi dernier à des peines allant jusqu'à 10 ans et un mois de prison ferme.
Parmi les personnes arrêtées:
- Ahmed Ben Ahmed et NasrEddine Ben Ahmed, frères de Sami Ben Ahmed (connu sous le nom de Sami Amaïdi), condamné à 6 ans de prison. Ils ont été arrêtés au domicile familial. La police s'est introduite chez eux terrorisant, insultant et agressant les membres de leur famille, y compris leur mère. Ahmed Ben Ahmed a été extirpé de son lit, alors qu'il était souffrant et avait des pansements sur différentes parties de son corps suite à un accident.
- Moussa Hlaïmi et Amor Hlaïmi, tous les deux enseignants, frères de Tarek Hlaïmi et Haroun Hlaïmi qui viennent d'être condamnés respectivement à dix et six ans de prison.
- Othmane Ben Othmane, condamné jeudi dernier à deux ans de prison avec sursis. Après avoir défoncé la porte de sa maison, la police a procédé à son arrestation, devant sa mère souffrante et sur le point d'être transférée à l'hôpital.
- Mohammed Beldi, condamné à deux ans de prison avec sursis jeudi dernier.
- Jihad Molki, condamné à 10 mois de prison puis libéré la veille du 7 novembre 2008.
- Haïkel Guitni.
Source:(POCT)
TUNISIE : Un verdict sans procès
L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme, un programme conjoint de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), condamne fermement le simulacre de procès dans l’affaire dite « des 38 de Gafsa ».
Le 11 décembre 2008, la Chambre criminelle du Tribunal de première instance de Gafsa a prononcé son verdict contre 38 prévenus, dirigeants d’un mouvement de protestation sociale qui secoue le bassin minier depuis janvier 2008.
Ce mouvement a été violemment réprimé par les autorités tunisiennes, donnant lieu à trois morts, plus de 200 personnes ont été poursuivies dans le cadre de procès qui se sont affranchis du respect des droits élémentaires de la défense, et desdizaines de personnes ont été victimes de violences de la part des forces de police. Ce dernier procès vise les dirigeants du mouvement qui étaient poursuivis pour « participation à une entente criminelle en vue de commettre des attentats contre les personnes et les biens, rébellion armée commise par plus de dix personnes et troubles à l’ordre public ».
33 des prévenus ont été condamnés à des peines allant de deux ans d’emprisonnement avec sursis à douze ans de prison. Cinq personnes ont été relaxées. Ce procès, qui avait commencé le 4 décembre 2008, puis reporté au 11 décembre 2008, a fait l’économie du respect des droits de la défense. Le verdict a été rendu en l’absence de plaidoirie de la défense et d’interrogatoire des prévenus.
Le président de la Chambre criminelle a refusé de convoquer les témoins de la défense, de présenter aux accusés les pièces à charge « saisies » par la police et utilisées pour étayer l’accusation, et d’ordonner une expertise médicale qui pourrait prouver la torture à l’encontre des accusés. Les avocats de la défense ont alors contesté cette décision et refusé l’audition des prévenus tant que ces questions préalables n’avaient pas été débattues en audience. L’audience a été suspendue vers 11h30. Vers 19h15, une foule de policiers a encerclé et envahi le Palais de justice.
Enfin, à 22h30, au terme de près de 12 heures de suspension, trois juges sur les cinq ont repris leur place dans la salle d’audience. Interrompu lors de la lecture du délibéré, le Président du tribunal a alors invité les avocats à en prendre connaissance auprès du greffier. Me Antoine Aussedat, observateur mandaté par l’Observatoire, le Réseau euro-méditerranéen des droits de l’Homme et le Barreau de Paris, a assisté au procès. A l’issue de celui-ci, il a déclaré qu’ « il serait ridicule et indécent d’utiliser le mot « justice » même accolé à celui de « parodie » pour qualifier l’audience du 11 décembre 2008 ».
L’Observatoire exprime sa préoccupation suite à ces condamnations et considère qu’elles visent uniquement à sanctionner la liberté de réunion pacifique et les activités de défense des droits de l’Homme des dirigeants du mouvement de Gafsa.
Préoccupé par la répression quasi-systématique par les autorités tunisiennes de toute personne qui promeut et défend les droits de l’Homme, l’Observatoire prie celles-ci de cesser tout acte de répression envers l’ensemble des défenseurs des droits de l’Homme, de se conformer aux dispositions de la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’Homme, adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies le 9 décembre 1998, et, plus généralement, se conformer aux dispositions de la Déclaration universelle des droits de l’Homme et instruments régionaux et internationaux relatifs aux droits de l’Homme ratifiés par la Tunisie.