Histoire d'un esclave
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Histoire d’un esclave
Bilal est né esclave, ou plus encore, il l’était même avant de naitre, il était esclave quand il était encore dans le ventre de sa mère. Comme un chevreau, comme un veau, comme les fruits des arbres et ses graines, ainsi est le fils de l’esclave aussi. De sa mère, il porte le nom, Bilal Ould Rabah, dés l’âge de 6 ans, a commencé à travailler : Il garde les chèvres. Loin de sa mère, les sœurs, elles aussi esclaves dans une autre famille, le devoir de faire content son patron pour gagner le paradis.
Bilal est fort, aux muscles puissants, le patron est faible et n’a jamais travaillé, mais battait son esclave avec un bâton et une ceinture. Bilal aurait pu l’abattre d’un seul coup, mais il n’a jamais pensé à se rebeller, esclave de la peur avant le bâton : sa mère lui disait que s’il se rebellait, il allait en enfer. L’enfer est terrible, pire de toute autre chose.
Bilal ne savait pas lire et écrire et ne connaissait rien de la vie. Un jour un homme à qui son patron l’avait prêté pour un travail, l’avait payé. A ce moment, il avait compris que le travail avait un prix.
Le patron s’est fait consigner l’argent qu’il avait gagné en réprimant l’homme qui les lui avait donnés.
Bilal avait dix sept ans et avait décidé de fuir.
Et puis la patronne, prétendant lui faire tirer l’eau du puits pour les chèvres, la sœur de Bilal ne pouvait pas: elle était enceinte et l’effort était trop important. Bilal dit à la patronne : «Ma sœur ne peut pas ». La patronne dit : «elle doit ». Bilal a été irrévocable et a dit non. La rébellion a fait enrager La patronne, qui est allé appeler sa mère. Les deux femmes ont battu la sœur. Bilal est intervenu et il les a battus.
Tous les patrons sont arrivés, ils voulaient battre Bilal, le pendre à un arbre par les pouls et allumer un feu sous ses pieds, la punition pour l’esclave rebelle. Mais cette fois-ci il ne s’est pas soumis, il a résisté. Un grand litige est né.
A la fin le plus vieux patron est intervenu, disant aux autres: «Laissez-le tranquille, désormais il n’est plus musulman parce qu’il s’est rebellé. Son destin est l’enfer, laissez le partir ».
Ainsi Bilal a acquis sa liberté. C’était 1997 ou 1998. Mais, les patrons l’ont dénoncé à la gendarmerie pour les coups, mais Bilal était malin et, avant que les gendarmes arrivent, il a brisé une bouteille et s’est blessé au bras. Puis il a dit aux gardiens: ”Regardez ce qu’ils m’ont fait”.
Depuis ce jour Bilal a réussi à se faire payer pour son travail. Mais il était toujours soumis à son patron, une fois, pendant qu’il se reposait, le patron est arrivé et l’a battu parce qu’il disait que personne ne s’occupait des chameaux. Bilal a dit au patron: «moi, je ne vous frappe pas, je pars », ainsi il est parti. La mère pleurait, elle lui disait qu’il ne devait pas quitter son patron. Mais il lui a dit que s’il ne partait pas il se suiciderait.
Il est parti, il était ignorant comme une chèvre. La première chose qu’il s’est fait enseigner a été la prière, même celle-là, il ne savait pas la faire.
Il a travaillé autant qu’homme libre, et ainsi, il a encore gagné ; sa maman est allée le lui rendre visite et il lui a donné de l’argent. La mère les a donnés à son patron.
Puis Bilal sût que sa mère était malade. Elle était dans la savane et personne ne s’occupait d’elle. Il était allé la retrouver. Tout au long de la route, alors qu’il cueillait un fruit d’un arbre, il a vu de loin une femme qui se cachait parmi les broussailles. Une autre femme l’avait vu aussi et s’est approchée d’elle. « Qui êtes vous ? » demanda-t-elle, l’autre répondit : « je suis malade, et mon fils qui peut s’occuper de moi est loin ». Bilal a reconnu la maman.
Il voulait l’emmener au village pour la faire soigner, mais la mère ne pouvait pas s’éloigner parce qu’elle devait prendre soin des chameaux. Tous les soirs le patron allait traire le lait sans rien lui laisser.
Alors Bilal a conduit aussi bien la maman que les chameaux au village. Là-bas, il a préparé à manger et, à l’heure de la prière, il a suivi sa maman à la mosquée. Devant tout le monde il dit : «je demande au patron de ma mère de prendre soin d’elle parce qu’elle est malade ».
Le patron a répondu : «donne-moi de l’argent pour la soigner ». Et Bilal : «L’argent je l’ai, mais je ne te donne rien. C’est toi qui l’a fait travailler et tu dois la soigner ». Le jour d’après, le patron a ramené la maman à l’hôpital. Il lui donna des gélules et le patron s’est occupé de les lui fournir.
Puis quand elle allait mieux, Bilal a accompagné un jour sa maman chez sa sœur, qui travaillait chez une autre famille. Au retour, le patron a enfermé la mère parce qu’elle s’est éloignée sans une autorisation. Bilal l’a vu en larmes, il l’emmena à l’hôpital.
Quand elle quitta l’hôpital, le patron l’a convaincu de retourner chez lui. “ Je suis Musulmane – elle dit à Bilal - je dois suivre mon patron”.
Alors Bilal à dénoncé le patron pour esclavage. Les gendarmes sont allés chez la maman et ont demandé: “Tu es esclave, tu es malade?” et elle répondit: “je suis très bien traitée, je ne reçois que tu bien de chez mon patron”.
Puis Bilal et les gendarmes sont allés chez le patron. Il a accusé Bilal d’être un mauvais musulman, un révolté, un chrétien….. Il allait leur donner une gifle, mais un des gendarmes l’a bloqué.
Ce gendarme était un ancien esclave ayant pris partie pour Bilal. Quand il a conduit la maman à la gendarmerie, il lui a dit qu’elle devait soutenir Bilal.
Mais le patron a convaincu la maman à demander à Bilal de retirer sa plainte. Bilal s’est déclaré disponible à condition que la maman soit sérieusement soignée.
Ils se sont mis d’accord pour que ce soit les gendarmes qui conduisent la maman chez le médecin. Ainsi, finalement, on lui prodigué. Et le médecin a découvert que la maladie était causée par les coups qu’elle recevait de son patron.
La maman est morte. Bilal a décidé de libérer aussi les sœurs. Cela a été très difficile, mais Bilal l’a fait, avec l’aide de SOS esclave.
Aujourd’hui, Bilal vit avec sa femme et ses sœurs à Nouakchott ; Il travaille comme porteur au port. Il est fort encore physiquement, quand il parle, il vous regarde droit dans les yeux.
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