Les mails de Hillary Clinton, le dinar-or et les printemps arabes
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Raina, 18 mars 2016
Les mails de Hillary Clinton, le dinar-or et les printemps arabes
F. William Engdahl
Enterré au milieu des dizaines de milliers de pages de courriels secrets de l’ancien secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton, désormais rendus publics par le gouvernement des États-Unis, se trouve un échange d’emails dévastateur entre Clinton et son conseiller confidentiel, Sid Blumenthal. C est à propos de Kadhafi et de l’intervention américaine coordonnée en 2011 pour renverser le dirigeant libyen. C est à propos de l’or et d’une menace potentiellement existentielle pour l’avenir du dollar américain comme monnaie de réserve mondiale. C est au sujet des plans de Kadhafi d’alors pour le Dinar basé sur l’or pour l’Afrique et le monde arabe pétrolier.
Deux paragraphes dans un courriel récemment déclassifié du serveur privé illégal utilisé par le secrétaire d’Etat Hillary Clinton lors de la guerre américaine orchestrée pour détruire la Libye de Kaddafi en 2011 révèlent un agenda secret bien tenu derrière la guerre de l’administration Obama contre Kadhafi, cyniquement nommée « la Responsabilité de Protéger ».
Barack Obama, un président indécis et faible, avait délégué toutes les responsabilités pour la guerre en Libye à son secrétaire d’Etat, Hillary Clinton. Clinton, qui était un soutien de tout début d’un « changement de régime arabe », en utilisant l’organisation secrète des Frères musulmans et en invoquant le nouveau principe bizarre de la « responsabilité de protéger » (R2P) pour justifier la guerre en Libye, qu’elle a tournée rapidement en une guerre menée par l’OTAN. Sous la R2P, une notion idiote promue par les réseaux des Fondations Open Society de George Soros, Clinton a prétendu, sans preuve vérifiable, que Kadhafi bombardait les civils libyens innocents dans la région de Benghazi.
Selon un rapport du New York Times à l’époque, citant des sources majeures de l’administration Obama, c’était Hillary Clinton, soutenue par
Samantha Power, alors assistante senior au Conseil national de sécurité et aujourd’hui ambassadrice d’Obama et Susan Rice, alors ambassadrice d’Obama aux Nations Unies, et maintenant conseiller à la sécurité nationale, la triade qui a poussé Obama à l’action militaire contre la Libye de Kaddafi. Clinton, flanqué de Powers et Rice, était si puissante que Clinton a réussi à passer au dessus du secrétaire à la Défense Robert Gates, de Tom Donilon, le conseiller à la sécurité nationale d’Obama, et de John Brennan, le chef de la lutte contre le terrorisme, aujourd’hui la tête de la CIA..
La Secrétaire d’État Clinton a également trempé jusqu’aux genoux dans le complot visant à libérer ce qui va être surnommé le « printemps arabe », la vague de changements de régimes financée par les États-Unis à travers le Moyen-Orient arabe, une partie du projet du Grand Moyen-Orient dévoilé en 2003 par l’administration Bush après l’occupation de l’Irak. Les trois premiers pays cibles de cette US action -du "printemps arabe" de 2011 , dans lequel Washington a utilisé ses ONG des « droits de l’homme » scomme Freedom House et National Endowment for Democracy, de connivence, comme d’habitude, avec les Open Society Foundations du milliardaire spéculateur, George Soros, ainsi que des services opérationnels du Département d’État des États-Unis et de la CIA -étaient la Tunisie de Ben Ali, l’Egypte de Moubarak et la Libye de Kadhafi.
Maintenant, le moment choisi et le ciblage de déstabilisations du « Printemps arabe » par Washington en 2011, de certains pays du Moyen-Orient, prennent un nouveau jour en relation avec ce qui vient juste de paraître, les emails déclassifiés de Clinton à son « conseiller » privé pour la Libye et ami, Sid Blumenthal. Blumenthal est l’avocat habile qui défendait alors le président Bill Clinton dans l’affaire Monika Lewinsky et les autres affaires de scandale de sexe quand Bill a été président et faisait face à l’impeachment
Le dinar or de Kadhafi
Pour beaucoup, cela reste juste un mystère, pourquoi Washington a décidé que Kadhafi doit personnellement être détruit, assassiné, et pas seulement envoyé en exil comme Moubarak. Clinton, lorsqu’elle a été informée de l’assassinat brutal de Kadhafi par les terroristes de l’ "opposition démocratique" d’Al-Qaida, financés par les Etats-Unis , a déclaré à CBS news, dans une paraphrase plaisante maladive de Jules César, « Nous sommes venus, nous avons vu, il est mort," paroles prononcées par elle avec un copieux rire macabre.
On sait peu en Occident à propos de ce que Mouammar Kadhafi a fait en Libye ou, pour cela, en Afrique et dans le monde arabe. Maintenant, la libération d’une nouvelle partie des e-mails d’Hillary Clinton comme Secrétaire d’Etat, au moment où elle menait la guerre de l’administration Obama contre Kadhafi, apporte un nouvel éclairage dramatique sur l’arrière-plan.
Ce ne fut pas une décision personnelle d’Hillary Clinton d’éliminer Kadhafi et de détruire toute l’infrastructure de son Etat. La décision, cela est maintenant clair, est venu de cercles très élevés dans l’oligarchie monétaire américaine. C’était simplement un autre outil politique de Washington mettant en œuvre le mandat de ces oligarques.
L’intervention était de tuer des plans bien établis de Kadhafi pour créer une monnaie africaine et arabe à base d’or pour remplacer le dollar dans le commerce du pétrole. Étant donné que le dollar américain a abandonné la parité-or pour les dollars en 1971, le dollar en termes d’or a considérablement perdu de sa valeur. Les Etats pétroliers arabes et africains de l’OPEP ont longtemps contesté la détérioration du pouvoir d’achat de leurs ventes de pétrole, obligées depuis les années 1970 par Washington d’être réalisées uniquement en dollars américains, alors que l’inflation du dollar a grimpé de plus de 2000% en 2001.
Dans un email nouvellement déclassifié de Clinton de la part de Sid Blumenthal au secrétaire d’État Hillary Clinton en date du 2 Avril 2011, Blumenthal révèle la raison pour laquelle Kadhafi doit être éliminé. Usant du prétexte de citer une source non identifiée des « hautes sphères », Blumenthal écrit à Clinton, "Selon les informations sensibles disponibles à cette source, le gouvernement de Kadhafi détient 143 tonnes d’or et un montant similaire en argent ... Cet or a été accumulé avant la rébellion actuelle et était destiné à être utilisé pour établir une monnaie panafricaine basée sur le Dinar or libyen. Ce plan a été conçu pour fournir aux pays africains francophones une alternative au franc français (CFA). "Cet aspect français était seulement la pointe immergée de l’iceberg du dinar d’or de Kaddafi
Dinar d’or et plus
Au cours de la première décennie de ce siècle, les pays de l’OPEP du Golfe arabe, dont l’Arabie Saoudite, le Qatar et d’autres, ont commencé sérieusement à placer une partie importante des revenus de leurs vastes ventes de pétrole et de gaz, dans des fonds souverains d’Etat, grandement basés sur le succès des Fonds pétroliers de la Norvège.
Le mécontentement croissant de la guerre américaine contre le terrorisme, des guerres en Irak et en Afghanistan et avec toutes les politiques générales des États-Unis au Moyen-Orient après Septembre 2001 a conduit la plupart des pays arabes de l’OPEP à placer une part croissante des revenus pétroliers dans de riches fonds contrôlés par l’Etat plutôt que de les confier aux doigts gluants des banquiers de New York et de Londres comme cela avait été la coutume depuis les années 1970, lorsque les prix du pétrole ont crevé le plafond, créant ce que Henry Kissinger a appelé affectueusement les « pétro-dollar » pour remplacer le dollar en or abandonné par Washington depuis le 15 Août 1971. La présente guerre sunnite-chiite ou le choc des civilisations est en fait le résultat des manipulations américaines après 2003 dans le cadre du « diviser pour régner » régional.
En 2008, la perspective d’un contrôle souverain par un nombre croissant d’Etats pétroliers arabes et africains de leurs revenus pétroliers et gaziers a suscité de graves préoccupations à Wall Street, ainsi qu’à la City de Londres. C’était des énormes liquidités, en milliers de milliards, qui, potentiellement, n’allaient plus être contrôlées.
Le timing du printemps arabe apparait rétrospectivement de plus en plus lié aux efforts de Washington et de Wall Street pour contrôler pas seulement les énormes flux de pétrole du Moyen-Orient arabe. Il est maintenant clair que c’était également dans le but de contrôler leur argent, leurs milliers de milliards de dollars s’accumulant dans leurs nouveaux riches fonds souverains.
Cependant, comme il est maintenant confirmé dans le dernier échange de mails Clinton-Blumenthal du 2 Avril 2011, il y avait une menace émergente qualitativement nouvelle pour les « Dieux de l’argent » de Wall Street et la City de Londres. La Libye de Kadhafi, la Tunisie de Ben Ali et l’Egypte de Moubarak étaient sur le point de lancer une monnaie-or islamique indépendante du dollar américain. J’ai entendu parler de ce plan pour la première fois au début de 2012, lors d’une conférence financière et géopolitique suisse, par un Algérien ayant une connaissance approfondie du projet. La documentation était rare à l’époque et l’histoire est restée dans mon arrière-brûleur mental. Maintenant, une image beaucoup plus intéressante émerge qui remet en perspective la férocité du Printemps arabe de Washington et son urgence dans le cas de la Libye.
Les "Etats-Unis d’Afrique ’
En 2009, Kadhafi, qui était à l’époque le Président de l’Union africaine, a proposé que le continent économiquement déprimé adopte le "Dinar or."
Dans les mois qui ont précédé la décision des États-Unis, avec le soutien britannique et français, d’ obtenir une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU qui leur donnerait la feuille de vigne juridique autorisant la destruction par l’OTAN du régime Kadhafi, Mouammar Kadhafi était en train d’organiser la création d’une monnaie, le dinar – or qui serait utilisé par les Etats pétroliers africains ainsi que les pays de l’OPEP arabes dans leurs ventes de pétrole sur le marché mondial.
Si cela s’était passé à l’époque où Wall Street et la City de Londres étaient profondément plongés dans la crise financière de 2007-2008, le défi pour le rôle de monnaie de réserve du dollar aurait été plus grave. Cela aurait sonné le glas de l’hégémonie financière américaine et du système du Dollar. L’Afrique est l’un des plus riches continents du monde, avec de vastes richesses en or et en ressources minérales inexplorées, qui avait été intentionnellement maintenue pendant des siècles sous-développée ou empêtrée dans les guerres pour empêcher son développement. Le Fonds monétaire international et la Banque mondiale pour les dernières décennies ont été les instruments de Washington pour réprimer le développement réel de l’Afrique.
Kadhafi avait appelé les producteurs de pétrole africains dans l’Union africaine et dans les pays musulmans à se joindre à une alliance qui ferait du Dinar-or leur principale forme de monnaie et d’échanges extérieurs. Ils vendraient du pétrole et d’autres ressources aux États-Unis et au reste du monde seulement en Dinars-or. En tant que Président de l’Union africaine en 2009, Kadhafi a présenté à la discussion aux membres de l’Union africaine, la proposition de Kadhafi d’utiliser le dinar libyen et le dirham d’argent comme la seule monnaie possible pour le reste du monde pour acheter du pétrole africain.
En même temps que les riches fonds souverains des pays arabes de l’OPEP pour leur pétrole, d’autres pays producteurs de pétrole d’Afrique, en particulier l’Angola et le Nigeria, étaient en voie de créer leurs propres fonds de richesse pétrolière nationale au moment des bombardements de la Libye par l’OTAN en 2011. Ces fonds de richesse nationale souverains, liés au concept de Kadhafi du dinar d’or, devait faire du rêve de longue date de l’Afrique de s’émanciper du contrôle monétaire colonial, que ce soit de la livre sterling, du franc français, de l’euro ou du dollar américain, une réalité.
Au moment de son assassinat, Kadhafi était en train d’aller, en tant que chef de l’Union africaine, avec un plan pour unifier les Etats souverains d’Afrique avec une monnaie d’or, vers des Etats-Unis d’Afrique. En 2004, un Parlement panafricain de 53 nations avait posé des plans pour une Communauté économique africaine - avec une seule monnaie d’or d’ici à 2023
Les nations productrices de pétrole africaines avaient l’intention d’abandonner la pétro-dollar et d’exiger le paiement en or pour leur pétrole et leur gaz. La liste comprenait l’Egypte, le Soudan, le Sud-Soudan, la Guinée équatoriale, le Congo, la République démocratique du Congo, la Tunisie, le Gabon, l’Afrique du Sud, l’Ouganda, le Tchad, le Suriname, le Cameroun, la Mauritanie, le Maroc, la Zambie, la Somalie, le Ghana, l’Ethiopie, le Kenya, la Tanzanie , le Mozambique, la Côte d’Ivoire, plus le Yémen, qui venait de faire d’importantes nouvelles découvertes de pétrole. Les quatre Etats membres africains de l’OPEP- l’Algérie, l’Angola, le Nigeria, un producteur géant pétrolier et le plus grand producteur de gaz naturel en Afrique avec d’énormes réserves de gaz naturel, et la Libye avec les plus grandes réserves-seraient dans le nouveau système de dinar d’or.
Pas étonnant que le président français Nicolas Sarkozy, auquel a été donné le rôle de premier plan dans la guerre contre Kadhafi par Washington, est allé jusqu’à traiter la Libye de « menace » à la sécurité financière du monde.
« Les rebelles » d’Hillary créer une banque centrale
L’une des caractéristiques les plus bizarres de la guerre de Hillary Clinton pour détruire Kadhafi était le fait que les rebelles soutenus par les États-Unis- " à Benghazi, dans l’est de la Libye, riche en pétrole, ont annoncé, au milieu de la bataille, bien avant qu’il ne soit du tout clair qu’ils renverseraient le régime de Kadhafi, qu’ils avaient créé une banque centrale de style occidental, « en exil ».
Dans les premières semaines de la rébellion, les chefs rebelles ont déclaré avoir créé une banque centrale pour remplacer l’autorité monétaire d’Etat de Kadhafi. Le conseil des rebelles, en plus de créer sa propre compagnie pétrolière pour vendre le pétrole dont ils s’étaient emparé ont annoncé : "Désignation de la Banque centrale de Benghazi comme autorité monétaire compétente dans les politiques monétaires en Libye et nomination d’un gouverneur de la Banque centrale de Libye, avec un siège temporaire à Benghazi »
.Commentant cette décision bizarre de créer une banque centrale de style occidental pour remplacer la banque nationale souveraine de Kadhafi qui avait émis le dinar d’or, avant que l’issue de la bataille ait même été décidée, Robert Wenzel dans the Economic Policy Journal, a fait remarquer, « Je n’ai jamais entendu parler auparavant d’une banque centrale créée juste en quelques semaines d’un soulèvement populaire. Cela donne à penser que nous avons là un peu plus qu’un morceau de chiffon d’un groupe de rebelles qui courent autour et qu’il ya des influences assez sophistiquées. "
Il devient clair maintenant, à la lumière des e-mails Clinton-Blumenthal, que ces « influences assez sophistiquées » étaient liées à Wall Street et la City de Londres. La personne amenée par Washington pour diriger les rebelles en Mars 2011, Khalifa Hifter, avait passé les vingt dernières années de sa vie dans la banlieue de Virginie, non loin du siège de la CIA, après une rupture avec la Libye en tant que premier commandant militaire de Kadhafi.
Le risque pour l’avenir du dollar américain comme monnaie de réserve mondiale, si Kadhafi avait été autorisé à poursuivre ensemble avec l’Egypte, la Tunisie et d’autres pays arabes de l’OPEP et membres de l’Union africaine – le processus pour introduire les ventes de pétrole contre de or et non en dollars, aurait clairement été l’ équivalent financier d’un tsunami.
Le rêve de Kadhafi d’un système d’or arabe et africain indépendant du dollar, malheureusement, est mort avec lui. La Libye, après la cynique "responsabilité de protéger » de Hillary Clinton a été détruite, c’est aujourd’hui est une vraie pagaille, déchirée par la guerre tribale, le chaos économique, al-Qaïda et DAESH ou ISIS terroristes.
La souveraineté monétaire détenue par l’agence monétaire nationale appartenant à 100% à l’Etat de Kadaffi et son émission de dinars d’or a disparu, remplacée par une banque centrale « indépendante » liée au dollar.
La nouvelle route de la soie en or
Malgré ce revers, il est plus que notable que maintenant un tout nouveau regroupement de nations vient ensemble pour construire un système monétaire basé sur l’or, similaire. Ce groupe est dirigé par la Russie et la Chine, les pays producteurs d’or respectivement numéro trois et numéro un mondiaux
Ce groupe est lié à la construction d’une ceinture de la Chine, One Road New Silk Road infrastructure le grand projet d’infrastructure eurasienne. Elle implique le Fonds de développement d’or de16 milliards $ de la Chine, et des mesures très fermes de la Chine pour remplacer la City de Londres et New York comme centre du commerce mondial de l’or. Le système d’or Eurasien émergent aujourd’hui pose une toute nouvelle qualité de défi à l’hégémonie financière américaine. Ce défi eurasien, son succès ou son échec, pourrait bien déterminer si nous permettons à notre civilisation de survivre et de prospérer dans des conditions tout à fait différentes, ou si nous décidons de couler lensemble avec le système de dollar en faillite.
F. William Engdahl est consultant risque stratégique et conférencier, il est titulaire d’un diplôme en politique de l’Université de Princeton et est un auteur best-seller sur le pétrole et la géopolitique, exclusivement pour le magazine en ligne « Perspectives New Eastern".
Titre original : Hillary Emails, Gold Dinars and Arab SpringS
SOURCE :http://journal-neo.org/2016/03/17/h...
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