L’assaut étasunien sur la FIFA
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Le Grand Soir, 1° juin 2015
Pour l’impérialiste New York Times, le fait que chaque membre de la FIFA ait une voix et que le vote soit secret est « étrange »
L’assaut étasunien sur la FIFA
Moon of Alabama
Le New York Times avait été informé à l’avance que des raids de la police suisse de la semaine dernière allaient avoir lieu sur instruction des Etats-Unis contre des cadres de la FIFA à Genève. Le journal semble en vouloir à l’association de football peut-être parce que la candidature des EU à la Coupe du Monde 2022 au Qatar n’a pas été retenue
Il est évident que les États-Unis essaient d’installer leur propre marionnette au sommet de la FIFA. Leur candidat est un membre de la famille royale corrompue de Jordanie. Ce n’est pas que les États-Unis soient contre la corruption. Qu’en serait-il aujourd’hui si la FIFA, comme certaines grosses banques, avait donné de l’argent à la Fondation Clinton, à la bibliothèque présidentielle d’Obama ou avait fait du « lobbying » auprès de députés et de sénateurs ? La corruption n’est pas un problème pour les États-Unis tant qu’elle sert leurs intérêts. Mais les règles de la FIFA sont telles que les Etats-Unis ont du mal à y faire la loi.
Traduction du twitt :
Les élections ne déconcertent pas Sepp Blatter.
Le scandale n’a pas modifié l’étrange décompte électoral de la FIFA : le soutien européen du prince Ali ben al-Hussein ne l’emporte pas sur le soutien à Blatter de beaucoup de petits pays.
La raison en est, selon le New York Times, « l’étrange décompte électoral de la FIFA ».
Qu’y a-t-il donc de si étrange dans ce système électoral ?
Les membres de la FIFA sont les associations nationales de football. Chacune dispose d’une voix. Le vote est secret.
Vous vous rendez compte ! Chaque membre dispose d’une voix à égalité avec les autres et peut voter comme bon lui semble sans qu’on puisse vraiment faire pression sur lui. C’est ça qui est étrange ? Voilà ce qu’on lit dans l’article du NYT :
M. Blatter, de l’avis général, va remporter un cinquième mandat, vendredi – lors d’un vote qui se tiendra à seulement quelques kilomètres de l’hôtel de luxe où ont eu lieu les arrestations de mercredi – en partie à cause du décompte électoral de la FIFA. Le président de la FIFA est élu par les 209 fédérations nationales qui en sont membres et qui ont chacune une voix, ce qui fait que les nombreux petits pays qui soutiennent M. Blatter contrebalancent efficacement son impopularité dans d’autres endroits, notamment en Europe.
Un pays, une voix, quel drôle de système électoral en effet ! Imaginez que l’ONU soit gérée de cette façon. Comment les États-Unis et autres membres du Conseil de sécurité pourraient-ils arriver à leurs fins si chaque pays disposait d’une véritable voie ?
Il n’y a aucune proposition dans l’article du NYT sur la meilleure façon de modifier cet étrange système. Comment les États-Unis aimeraient-ils que les votes soient organisés ? Que les pays soient classés selon l’importance de leur population ? La Chine, l’Inde, le Nigeria, le Brésil seraient certainement ravis qu’il en soit ainsi. Mais leurs votes n’iraient probablement pas dans le sens souhaité par les Etats-Unis. Que le nombre de voix des pays soient fonction de la popularité locale de football ou des succès que le pays a remportés au football ? Le Portugal ou un autre petit pays pourraient alors avoir le plus de poids. Les États-Unis seraient quelque part vers la fin de la liste.
Non, il n’y a pas de meilleure façon de diriger la FIFA que la façon dont elle est dirigée aujourd’hui. Une Coupe du Monde brasse des milliards de dollars. L’argent recueilli par la FIFA grâce aux licences consenties aux chaînes de télévision, à la publicité et la promotion reflue vers les fédérations nationales de football. Elles sont censées s’en servir pour soutenir et promouvoir le sport. Malheureusement il y a forcément une certaine corruption dans une entreprise aussi énorme et aussi complexe. Il faut en prendre son parti. L’alternative est d’abandonner le contrôle du football à des instances qui ne rendront jamais de comptes, comme certains conglomérats sous contrôle étasunien. Ce serait la fin de tout.
J’ai suggéré que l’assaut étasunien sur la FIFA, en raison d’affaires de corruption qui remontent au début des années 1990, se produit maintenant parce que la FIFA doit se prononcer aujourd’hui sur la demande palestinienne d’éjecter Israël pour entrave au football palestinien. Prendre la Coupe du Monde 2018 à la Russie est un objectif commode, mais secondaire. Israël a reconnu qu’il était réellement coupable d’entraver le football palestinien en offrant des concessions en échange du renoncement au vote pour l’évincer de la FIFA. Mais ces concessions ne sont probablement pas suffisantes :
Selon la source, le président de la FIFA, Sepp Blatter, a salué la proposition d’Israël, mais a souligné que l’accord de Rajoub [le président de la Football Association palestinienne] serait nécessaire pour renoncer au vote sur le bannissement d’Israël de la FIFA.
Toujours selon la source, Rajoub a donné son accord, mais il a fait une autre demande – à savoir que la FIFA obtienne du Secrétaire des Nations Unies, Ban Ki-moon, qu’il statue dans les trois mois sur la question de savoir si les cinq équipes israéliennes basées dans les colonies de Cisjordanie sont en territoire israélien.
Selon le règlement de la FIFA, les équipes qui ne sont pas situées en territoire israélien ont besoin de l’accord des Palestiniens pour participer à des ligues israéliennes. Comme pour l’ONU la Cisjordanie ne fait partie d’Israël, cet arrêt obligerait de facto la fédération de football israélienne à bannir ces équipes de la ligue ou à courir le risque de violer les règles de la FIFA.
Les Palestiniens ne doivent pas renoncer à cette revendication. Israël, comme l’Afrique du Sud de l’apartheid, devrait être expulsé de la FIFA. On ne peut pas tolérer le racisme et l’occupation dans le sport le plus aimé au monde.
Traduction : Dominique Muselet