Affaire Apostasie Nouadhibou - Verdict: Peine de mort, la rue a eu raison de lui !
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Affaire Apostasie Nouadhibou - Verdict: Peine de mort, la rue a eu raison de lui !
Ama Sy
Ould M’kheitir auteur de l'article, dit « attentatoire à l'Islam et à la personne du prophète Mohamed » dont le procès s’est ouvert mardi dernier a été condamné à mort le lendemain pour apostasie par le tribunal régional de Nouadhibou. Après près d’une année de détention, la volonté de la « rue » a eu raison de lui. Il s’est évanoui après l’annonce du verdict. Exceptionnellement, son repentir ne lui a servi à rien. Si la sentence est appliquée à la lettre, il sera fusillé par un peloton. Une première exécution en Mauritanie depuis 1987
Le procès de Mohamed Cheikh Ould Mkheitir jeune ingénieur et fils du préfet de la capitale économique au moment de son arrestation été arrêté et inculpé pour apostasie le 02 janvier dernier. Selon le parquet son tort est d’avoir « parlé avec légèreté du prophète Mohamed (PSL) » dans son article parut brièvement dans quelques sites électroniques mauritaniens. Durant le procès Ould M’kheitir a déclaré que « son intention n’était pas de porter atteinte au prophète mais, de défendre une couche de la population mal considéré et maltraité dont il est issu, les forgerons » avant d’ajouter «si on peut comprendre (à travers mon texte) ce pourquoi je suis inculpé, je le nie complètement et m’en repens ouvertement » rapporte une source proche du dossier.
Il s’est évanoui à la lecture du verdict.
La charia source du droit mauritanien
Le crime pour lequel Ould M’kheitir est reconnu coupable, entre dans le champ d’application de l’article 306 code pénal mauritanien. Article, invoqué par M. Ahmed Ould Isselmou procureur de la République au près du tribunal de Nouadhibou qui représentait le parquet dans son réquisitoire dont la demande d’exécution de l’accusé a été suivi par la cour. Cet article stipule « toute personne coupable du crime d'apostasie sera, à moins qu'elle ne se repente au préalable, punie de la peine de mort ». Ses deux avocats commis d’office après le désistement du célèbre avocat Me Ichiddou qui a été obligé par la rue d’abandonner l’idée de défendre Ould M’kheitir ont déclaré que le repentir de leur client doit jouer en sa faveur ». Cité par l’AFP, Me Icheddou déclarait il y’a quelques mois de cela que lee juge d'instruction a "pourtant reconnu dans son rapport le repentir de l'accusé" mais a estimé que "cela ne le dispensait pas d'être traduit devant la Cour" criminelle.
Le code pénal offre une porte de sortie
Pourtant, si on se réfère à la dernière partie de l’article 306 du code pénal mauritanien «Tout musulman coupable du crime d'apostasie, soit par parole, soit par action de façon apparente ou évidente, sera invité à se repentir dans un délai de trois jours. S'il ne se repent pas dans ce délai, il est condamné à mort en tant qu'apostat, et ses biens seront confisqués au profit du Trésor. S'il se repent avant l'exécution de cette sentence, le parquet saisira la Cour suprême, à l'effet de sa réhabilitation dans tous ses droits, sans préjudice d'une peine correctionnelle prévue au 1er paragraphe du présent article », Ould M’kheitir repenti doit avoir la vie sauve, ce qui n’est pas le cas, il sera fusillé si la sentence est exécutée.
Vindicte populaire
Des milliers de mauritaniens dont certains ont lus d’autres pas du tout l’article incriminé avaient battus le pavé, à Nouakchott, Nouadhibou et ailleurs pour exiger sa pendaison pur et simple, il y’a un an de cela. L’on se souvient de la déclaration du président de la République, devant la foule de manifestants amassée devant le portail de son palais avait déclaré: " Je vous remercie de tout cœur pour votre présence massive en ce lieu pour condamner le crime commis par un individu contre l'Islam, la religion de notre peuple, de notre pays, la République Islamique de Mauritanie, comme j'ai eu à le préciser par le passé et le réaffirme aujourd'hui, n'est pas laïque et ne le sera jamais…. je vous assure en conséquence que le Gouvernement et moi-même ne ménagerons aucun effort pour protéger et défendre cette religion et ses symboles sacrés… ». Cette déclaration du président, celle des différents partis politiques conjugués avec les manifestations et fatwas ont eu raison de lui. Aminetou Mint Moctar, présidente de l’AFCF, ONG de défense des droits de l’homme qui avait pointé du doigt l’instrumentalisation politique de l’affaire ainsi que la montée en puissance des extrémistes islamistes avait fait l’objet d’une fatwa de l’organisation « Ahbab rassoul ». Me Ichiddou lui aussi a renoncé à exercer son métier, suite à la pression de la rue.
Des scènes de liesses, ont été constatées dans la capitale économique et à Nouakchott suite à l’annonce du verdict.
Cette affaire continue de faire couler beaucoup d’encre et de salive. Jeudi matin, la condamnation à mort d’Ould M’kheitir était à la une des médias aux quatre coins du globe « RFI, le monde, le figaro, Jeune Afrique » entre autres. Notons que l’annonce de cette peine capitale intervient au moment où s’est ouvert l’autre affaire qui elle aussi est à la une des dits medias. Il s’agit de l’affaire Biram Ould Dah Ould Abeid président d’IRA et de ses militants et codétenus.
La Mauritanie n’a pas appliqué la peine de mort depuis 1987, même si elle a dans ses geôles des condamnés à mort.