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Demain online, 15 mai 2013



Juger l’homosexualité au Maroc est un exercice périlleux
Mustapha Abid

Deux jeunes hommes accusés d’homosexualité qui ont comparu hier devant le tribunal de Témara, une bourgade près de la capitale du Maroc, ont vu, après une brève audience, comment leur procès était renvoyé au 20 mai suite à la demande de leurs avocats qui veulent préparer leurs plaidoiries.


Les deux jeunes hommes, âgés respectivement de 20 et 28 ans, ont été arrêtés début mai et placés en détention à la prison Zaki de Salé avec des islamistes, des voleurs et des assassins. L’article 489 du code pénal prévoit pour tout acte sexuel entre deux personnes de même sexe une peine qui varie entre six mois et trois ans de prison ferme


Selon l’AFP, le juge a pris sa décision après avoir échangé quelques mots avec leurs avocats. Le juge espère peut-être que d’ici là, il aura reçu des indications de la chancellerie qui lui indiquera s’il faut sévir ou être clément.


Car même avec un ministre islamiste de la justice, Mustapha Ramid, juger des affaires d’homosexualité au Maroc est un exercice périlleux au Maroc. Avant de prendre une décision, les juges ont tendance ces dernières années à prendre des précautions et des instructions sont souvent sollicitées avant de prononcer leurs verdicts. Comme s’il s’agissait d’une affaire politique.


C’est que punir l’homosexualité au Maroc, un pays connu pour être une attrayante destination touristique sexuelle internationale, en raison d’une certaine complaisance locale, met à mal l’image d’un royaume tolérant et ouvert.


Les pédophiles étrangers attrapés la main dans le derrière d’un jeune marocain sont souvent accusés d’homosexualité et expulsés rapidement du pays. Ce qui a tendance aux yeux de la population marocaine à confondre homosexualité, qui n’est pas un crime hors du Maroc, et pédophilie, qui elle est vraiment un délit pourchassé partout.


Pauvre juge de Témara ! S’il sévit, les deux jeunes seront perçus comme des martyrs par la communauté homosexuelle internationale. S’il se montre clément, il va chagriner le barbu Ramid.


Suspense !