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Rebecca J. Tickle, SG de la Fondation Moumié à Genève : « La Suisse fait une complaisance mal placée à l’égard de Monsieur Biya »

Propos recueillis par Jean Marc Soboth



D’origine britannique mais née en Suisse, Rebecca J. Tickle est d’abord une passionnée d’Afrique. Elle « pratique » très tôt le continent à travers son père journaliste qui sillonne l’Afrique durant la Guerre froide. Diplômée de science sociale et politique, cette ancienne infirmière s’était ensuite lancée dans la médiation internationale et la communication.
Elle se rend régulièrement en Afrique centrale et n’hésite pas à s’engager contre les abus de pouvoir et l’impunité. Elle collabore avec la Fondation Moumié depuis janvier 2009 et en est devenue la secrétaire-générale en juillet 2009. Elle se livre pour la première à la presse camerounaise


Depuis quelques années, une Fondation Moumié est active à Genève en Suisse en mémoire au nationaliste camerounais. Elle décerne des prix au cours de manifestations annuelles... Que peut-on retenir, en tant que Camerounais, de ce qui serait l'objectif symbolique de cette Fondation ?

La Fondation est formellement née à Genève en automne 2007, par le biais du Prix Moumié décerné à des personnes soigneusement sélectionnées, au Cameroun et en Afrique, et dont l’engagement sans limites pour une nouvelle éthique socio-politique, pour les idéaux d’un Cameroun nouveau, plus juste, et globalement prospère, a fait ses preuves sur le terrain. Cette lutte à laquelle la Fondation s’associe, passe par le respect de la mémoire de ceux qui sont mort pour leur patrie, à l’instar notamment du Dr. Felix Moumié, nationaliste et grand espoir pour le Cameroun post-colonial, empoisonné et fauché le 3 novembre 1960 à Genève.

L’affranchissement du Cameroun de ses entraves, est donc conditionné par le refus d’un  déni imposé de l’Histoire, pour arriver sur le chemin d’une Afrique dont les Camerounais et les Africains rêvent, où les violations des libertés et des droits humains ne seraient plus qu’un souvenir. L’oubli est une arme politique que la Fondation Moumié souhaite donc combattre par tous les moyens.

La Conférence internationale sur le Cameroun organisée en marge de l’attribution du 2ème Prix Moumié le 30 mai 2009, a été l’occasion de rassembler quelques experts pour lancer un appel solemnel contre un système politico-économique désastreux, qui ne cherche qu’à garder les populations sous la férule d’un joug néo-colonial de plus en plus insupportable.

La toute jeune Fondation Moumié se bat globalement pour l’humanisation du Cameroun et de l’Afrique, et pour une Afrique émancipée. La pérennité de la mémoire du Dr. Moumié, par le biais de différents projets camerounais et à vocation panafricaine, devient ainsi un symbole fort de la lutte contre l’impunité et l’indifférence au Cameroun et en Afrique.

 

Une Suissesse responsable dans une Fondation dédiée à un nationaliste camerounais assassinée à Genève... Comment êtes-vous arrivée à la Fondation Moumié?

En vérité je suis d’origine britannique et allemande. Mes parents ont choisi la Suisse pour fonder leur famille. J’ai baigné très tôt dans les méandres de la vie sociopolitique africaine. A travers mon père journaliste qui sillonnait l’Afrique durant les années de la Guerre froide, et qui a connu le Cameroun d’Ahidjo, le Nigéria d’Azikiwe, le Ghana de N’Krumah, ou le Congo de Lumumba, l’Afrique a toujours été dans mon horizon au quotidien. J’ai été également marquée dans mon adolescence par l’assassinat de Steve Biko, et mes convictions ne s’en sont retrouvées que davantage renforcées.

Après un baccalauréat en langues modernes à Lausanne, j’ai obtenu un diplôme d’infirmière en 1984, et j’ai oeuvré plusieurs années en soins intensifs. Une licence en science sociale et politique, décrochée en 1997 après 6 ans d’études à distance, m’a permis de me rapprocher de manière plus analytique de ma passion pour l’Afrique. C’est en 1999, que j’ai donc abordé donc le domaine de la médiation internationale et la communication en me concentrant sur le continent africain.

Profondément attachée à l’Afrique, je me suis régulièrement rendu au Cameroun depuis une dizaine d’années, et en république centrafricaine. Éprise de justice sociale, je me suis engagée solennellement contre les abus de pouvoir et d’autorité, et à l’impunité omnipotente en Afrique centrale. J’ai donc répondu avec joie à la demande de collaboration avec la Fondation Moumié dès janvier 2009 en tant que chargée de communication. Constatant mon enthousiasme et mon dynamisme (sourire), je suis nommée secrétaire générale de la Fondation depuis juillet 2009.

 

On n'a toujours pas fait toute la lumière sur l'assassinat de Félix Roland Moumié à Genève en 1960 par William Bechtel, un pseudo-journaliste et espion français... On pourrait dire que justice n'a toujours pas été faite à ce sujet. Que fait la Fondation pour apporter toute la lumière dans cette affaire et y apporter la justice?

Cette question est évidemment cruciale pour la Fondation Moumié, et doit être empoignée avec vigueur, comme d’ailleurs aussi le questionnement sur la disparition de la dépouille du Dr. Moumié en Guinée Conakry. Comme vous le savez, la Fondation est en pleine restructuration, et nos premières préoccupations sont de développer un projet solide autour de ces questions. Des contacts ont déjà été pris avec les autorités genevoises, et ils seront consolidés ces prochains mois. Comme vous l’imaginez, il s’agit de démarches qui demandent du temps, car les sujets politiques de ce genre requièrent un retour sur le passé, et sont forcément plus sensibles que d’autres.



Félix Roland Moumié, Ossendé Afana, Um Nyobè, Ernest Ouandié... Toute une génération décapitée dans une stratégie "anti-indépendance" de Paris. Pierre Messmer, qui à l'époque est haut-commissaire - et qui sera plus tard Premier ministre en France - avoue qu'ils furent obligés de procéder à des éliminations physiques de Camerounais. Pensez-vous que la France aujourd'hui ait une responsabilité dans ces assassinats? Laquelle?

Je pense que vous avez pratiquement répondu vous-même à la question ! Messmer a avoué la responsabilité française dans les assassinats de personnes clé dans l’affranchissement potentiel du Cameroun. C’était l’époque de la Guerre froide, donc ces assassinats ont été globalement cautionnés par un Occident combattant très farouchement toute « menace communiste » ! Il faut d’ailleurs rajouter à la liste évidemment les Sankara, Lumumba, Boganda, Olympio, entre autres.

Ces martyrs ont été considérés par l’Europe et l’Amérique comme de dangereux gauchistes qui ne pouvaient qu’être un danger pour le respect de leur idéologie politique. Les initiés savaient aussi parfaitement que la prise en main sérieuse de leurs anciennes colonies par des gens compétents serait très néfaste pour leurs intérêts économiques. Donc ces gens, qui ont en vérité versé leur sang pour leur patrie, ont été diabolisés, et ensuite éliminés grossièrement, car ils représentaient une véritable entraves aux intentions néo-coloniales de l’époque. On peut déjà constater le révisionnisme naissant à cette occasion, qui a conduit plus tard au déni de l’Histoire, et à la volonté délibérée de l’Occident notamment de faire oublier le plus possible ces événements. C’est comme ça que Sarkozy est arrivé au point de dire que l’Africain n’est pas encore entré dans l’Histoire !

Ne dit-on pas que Felix Moumié a été tué une seconde fois lorsque sa dépouille en Guinée a disparu ? Non seulement a-t-on pensé qu’en lui enlevant le droit d’être inhumé sur la terre de ses ancêtres, les Camerounais allaient l’oublier, mais en plus on a fait disparaître ses restes pour que sa tombe ne devienne pas un monument. C’est très mal connaître l’esprit patriotique des Camerounais, et surtout leur soif de vérité et de justice envers un tyran – la France -  qui a saccagé économiquement et politiquement leur pays, à l’aide de leurs pantins qu’elle arme et maintient au pouvoir de 1960 à aujourd’hui, malgré l’officielle Indépendance ! Le révisionnisme est devenu une arme politique, patronné par le concept de « nos ancêtres les gaulois ».

 

La Suisse a également été accusée de complaisance dans ce dossier qui aurait été classée sans suite, tandis que William Bechtel est allé se la couler douce dans la campagne française...

Dans l’histoire du 20ème siècle, la Suisse a plusieurs fois été injustement complaisante. Elle a été très complaisante avec l’Allemagne nazie pendant la deuxième guerre mondiale, malheureusement autant pour des raisons idéologiques qu’économiques. Elle est encore complaisante aujourd’hui avec certains dictateurs, notamment  avec Paul Biya qui séjourne à Genève très confortablement et impunément plus de six mois par année.

Le dossier de la mort de Felix Moumié a été classé par les autorités genevoises de l’époque de façon sans que justice ne soit faite. A l’époque, c’était normal, et ne s’attendait pas vraiment à autre chose. Tout le monde sait aujourd’hui que la neutralité helvétique n’a pas toujours été bien traitée.

A la Fondation nous espérons que les autorités suisses et genevoises sauront jeter un regard critique derrière leur épaule, et qu’elles nous soutiendront dans les démarches de recherche de la vérité quant à l’assassinat de Félix Moumié à Genève. Nous comptons sur sa collaboration et son soutien, en tant que co-témoin de cet événement, dans nos actions à Genève en l’honneur du Dr. Félix Moumié.


Quel est votre sentiment lorsque vous voyez le président Paul Biya séjourner à l'hôtel Intercontinental de Genève six mois par an avec armes et bagages?

Le fait que Biya vienne dépenser son argent à Genève et au profit d’une entreprise suisse bien établie est évidemment très positif en termes économiques. Néanmoins, mon constat est très amer de voir encore que les impératifs économiques priment largement sur le respect des droits de l’homme que la Suisse devrait promouvoir. Nous savons déjà que les banques suisses savourent les biens mal acquis dans ses caisses en termes de bénéfices et d’intérêts.

La Suisse donc, à mon sens, joue une fois de plus d’une complaisance mal placée en ce qui concerne notamment l’accueil de Monsieur Biya, qui séjourne confortablement, impunément et bénéficiant d’une sécurité qu’il n’est pas capable d’assurer dans son propre pays au commun des citoyens, et qui est clairement défini comme le principal fossoyeur du peuple camerounais. Le gouvernement suisse a vraiment besoin d’étudier en profondeur la possibilité d’un comportement plus éthique lorsque confrontée à des personnes de ce gabarit, et à l’argent qu’ils dépensent provenant du fruit de grossières lacunes démocratiques, de violations systématiques des droits humains, et de répressions dans le sang et la violence.
 


Marthe Ekemeyong-Moumié écrit le livre Victime du colonialisme préfacé par Ahmed Ben Bella. Elle indexe à nouveau la France avant de mourir au Cameroun dans des conditions que beaucoup considèrent comme un assassinat politique... Quel en est votre point de vue?

Le meurtre de Marthe Moumié dans des conditions affreuses, n’a laissé personne indifférent.  Et la Fondation, comme beaucoup d’autres, n’a pas une idée claire sur les circonstances de sa disparition, qui nécessitent une investigation très minutieuse, tout comme l’ont été celles de Felix Moumié lui-même. Le réalisateur suisse Frank Garbely, s’est efforcé pendant de nombreux mois de rassembler les éléments disparates concernant les tenants et aboutissants de la vie politique de Felix Moumié, ainsi que des circonstances de sa mort. Nous lui sommes d’ailleurs extrêmement reconnaissant d’avoir offert au monde son film intitulé « Mort à Genève », qui est un document d’une richesse inestimable, pour le Cameroun et l’Afrique notamment.

Nous savons en tout cas, que Mme Moumié aurait très bien pu être tuée de par son implication dans la recherche de la vérité sur la mort de son époux.


Beaucoup glosent aujourd’hui sur une fin de la Françafrique, cette période de pillage des ressources naturelles du continent, des assassinats de nationalistes, des coups d’Etat commandités depuis Paris. L’on évoque pour le justifier la mort du dernier symbole du village franco-africain, le président gabonais Omar Bongo Ondimba qui, lui-même, à travaillé pour les services secrets français… Faut-il croire en la fin de la géostratégie française en Afrique ?

Ceux qui pensent que la Françafrique se meurt sont des rêveurs naïfs. La France a engagé des moyens monumentaux en Afrique en termes d’exploitation des ressources naturelles. Elle se battra jusqu’à la lie pour ça. Les acteurs complices sont d’ailleurs très nombreux et multiformes. Notamment les multinationales qui ont mis complètement mains basses sur les ressources naturelles africaines. Les entreprises comme Bouygues, Areva, Bolloré ou British Petroleum, pour ne parler que de celles-là, sont pratiquement plus puissantes que les Etats dont elles dépendent, et ont mis à sac les terres qu’elles exploitent, en violant systématiquement les droits humains et détruisant l’environnement vital des peuples autochtones. Nous savons que ces multinationales financent largement les fraudes électorales et le maintien au pouvoir des Biya, Sassou N’Guesso, Bozizé, Deby, et consorts.

D’ailleurs tout le monde sait que Omar Bongo était le véritable parrain de la Françafrique, et que dorénavant, en l’absence d’un remplaçant consensuel pour la France, et sa non-validation implicite du fils Bongo, la Françafrique se tourne aujourd’hui vers Paul Biya pour assumer ce rôle. Ce qui signifie évidemment qu’il bénéficiera d’un soutien supplémentaire de la part du gouvernement français. Ne nous faisons donc pas d’illusions.

Par contre, ceux qui pensent que la Françafrique évolue et qu’il faut guetter le moment et le moyen, c’est-à-dire la faille, pour l’affaiblir dans sa force dévastatrice, sont plus réalistes. Il faut observer notamment les forces extérieures à la Françafrique, qui jusque-là regardaient d’un œil plus ou moins approbateur.  Si une certaine désapprobation commence à se mondialiser, et à intégrer les consciences de l’opinion publique internationale, nous serons déjà devant un élément de bonne piste !
De forcer cette mondialisation contre la Françafrique est un énorme travail de fond.

Les nouveaux Moumié sont là pêle-mêle, Agbobli au Togo, Wanfiyo en RCA, Ossebi au Congo, ou Oumar Saleh au Tchad. Ils ont tous été éliminés dans des circonstances non élucidées, et les non-lieux ont été jetés comme de la poudre aux yeux du monde. Les pouvoirs en place se lavent les mains, déjà couvertes de sang depuis longtemps déjà, en comptant sur l’hypothétique amnésie de leurs compatriotes et du monde. L’impunité à l’état pur !

La Fondation Moumié s’engage à empêcher que ces nouveaux martyrs ne tombent dans un oubli politisé, et que le monde se mette à comprendre la profondeur des méfaits de la Françafrique.



Le président Barack Obama a évoqué à Accra la perspective d'une Afrique pour les Africains, alors que le président français Nicolas Sarkozy accusait les Africains à Dakar d'être les seuls responsables de leurs malheurs... Ou peut-on se situer dans ce débat?

Cette question de responsabilité alimente une grande polémique, qui est d’ailleurs très saine. Car les gens qui polémiquent se mettent forcément à examiner en profondeur les différents éléments, et se mettent surtout à remettre des évidences en question.

Je pense personnellement qu’il faudrait pouvoir se distancer autant que possible de la question des responsabilités passées, tout en refusant l’extrémisme révisionniste, je le répète, de Sarkozy. Il vaut mieux s’attacher aux responsabilités pour le succès de l’Afrique d’aujourd’hui et de demain. D’autre part, je suis parfaitement consciente comme tant d’autres, que sans pardon, on ne peut pas construire un lendemain dans un esprit collaboratif.

Ceci dit, tout en me joignant à la logique de Barack Obama, je dis que personne ne peut non plus simplifier la situation en minimisant les responsabilités occidentales. Une remise en question totale des systèmes économiques totalement inéquitables, laissant l’Afrique délibérément à la traîne au seul bénéfice des économies occidentales, est à effectuer à tout prix, par les grandes puissances de ce monde. Dans ce cadre, le rôle et les responsabilités des multinationales que j’ai mentionnées plus tôt, doivent également être analysés à fond.

Dans cette optique, la Fondation Moumié compte étudier dans quelle mesure elle pourra d’une manière ou d’une autre peser dans la balance pour une nouvelle éthique comportementale des multinationales en Afrique, sur le terrain. Il ne s’agit pas de radicalement interdire l’accès à l’Afrique au monde occidental, mais plutôt d’élaborer un fonctionnement de « gagnant-gagnant ». C’est la seule manière qui peut marcher à mon avis. Cela ne veut pas dire que l’Afrique doit faire des compromissions, car je pense qu’elle en a déjà fait suffisamment. Mais il  s’agit de démontrer que tout le monde peut y gagner si l’Afrique s’émancipe dans le but de se développer efficacement.

Comme la France et l’Occident réussissent si bien à défendre leurs intérêts en Afrique, personne n’offrira aux Africains la liberté et la réussite sur un plateau d’argent. C’est donc à l’Africain, comme le disait Barack Obama au Ghana, de se battre pour son salut, pour sa liberté, pour son succès.

La tâche est évidemment immense, et les démarches prises doivent être comprises et soutenues par le monde, à défaut par le traditionnel gendarme du monde qu’est le grand Oncle Sam. C’est donc là que je mettrai un bémol aux déclarations de Barack Obama.

 

L'Afrique a-t-elle un avenir, à votre avis?

Quelle question! Bien sûr qu’elle a un avenir, et comment !!

 Il est dit dans la Bible que « ainsi les derniers seront les premiers, et les premiers seront les derniers », et j’y crois personnellement dur comme fer !  Malgré un scepticisme très justifié vu les circonstances exagérément inquiétantes, il ne faut surtout pas baisser les bras, surtout pas maintenant.

L’Afrique a besoin de ses enfants, surtout de ceux qui sont partis chercher une herbe plus verte ailleurs, ainsi que ceux que les régimes ennemis de leurs peuples ont injustement renié. L’heure n’est pas à l’amusement. Thucydide, homme politique athénien, disait : « il faut choisir : se reposer ou être libre ». Celui qui vit loin de sa terre natale par obligation, même s’il vit dans le confort et pense ainsi avoir arraché la liberté à un destin morbide en apparence, est en fait un prisonnier. Il n’a même pas la liberté de contribuer au choix libre et démocratique du dirigeant du pays de ses aïeux. Cette douleur, qu’il cherche à dissimuler et à oublier à tout prix, pourrait aussi lui servir de moteur pour retrouver sa vraie liberté.

Nous sommes tous responsables de l’avenir de l’Afrique, et nous devons tous jouer un rôle de multiplicateur…. Un jour l’Afrique vaincra, et chaque jour qui passe nous rapproche de ce moment…. !