Demain online, 28 novembre 2011


Al Adl Wal Ihsane donne un taux de participation de 24,29%
Badr Soundouss


Rabat.- Dans un communiqué diffusé dans son site Web et intitulé « La falsification des faits ne changera pas la réalité« , l’association islamiste Al Adl Wal Ihsane donne comme taux de participation aux élections législatives un chiffre substantiellement différent à celui donné par le ministère de l’intérieur. Pour la Jamaâ, le chiffre réel serait de 24,29 %, la moitié de celui donné par le ministre de l’intérieur, « et ce en regard de la masse électorale de base qui a atteint 24 956 953 électeurs ».

Pour Al Adl « cela prouve la volonté ferme du régime de nier le droit à la citoyenneté à des millions de citoyens (11 481 518 citoyens) et de les sanctionner pour leur boycott de cette mascarade durant toutes ses phases depuis l’inscription dans les listes électorales ».

Al Adl explicite son raisonnement :

« Le taux annoncé par le ministère de l’Intérieur ne reflète aucunement, comme ce fut constaté par tout le monde, la tiède atmosphère des élections qui n’ont pu mobiliser durant la campagne plus de 600 000 citoyens, aux dires même du ministère de l’Intérieur, c’est-à-dire 2,4 % de la masse électorale !! Et ce malgré les fonds attribués aux partis politiques (220 millions de dirhams), et malgré l’exclusion des opposants de leur droit dans les médias publics et en dépit des campagnes de dénigrement, de harcèlements et d’arrestations (plus de 130 personnes arrêtées) »

L’association du cheikh Abdesalam Yassine traite les élections de vendredi de « mascarade » qui « s’ajoute au feuilleton des déboires successifs du Makhzen, car il s’agit d’élections anticipées auxquelles il a été contraint pour occulter la dynamique populaire grandissante que connait notre pays depuis un certain temps>> .

A la fin, les islamistes lancent un message à l’étranger « qui doit respecter la volonté du peuple marocain et ses aspirations à la liberté, à la justice et à la dignité, loin des institutions formelles qui n’ont aucun pouvoir et qui sont privées de la représentativité effective>> .

On croit deviner qu’ils s’adressent à la France.



Demain online, 25 novembre 2011


Voter pour qui et pour quoi ?

Ali Lmrabet


OPINION. Après avoir falsifié durant des décennies les élections au Maroc, voilà que le régime veut que les Marocains aillent voter aujourd’hui, vendredi 25 novembre, pour un nouveau parlement. Mais
voter pour qui et pour quoi ?


Voter pour qui si le Palais est convaincu que ceux pour qui il appelle à voter aujourd’hui sont des incompétents. Pour notre Sublime Porte, l’inaptitude des partis politiques, incapables selon elle de gérer convenablement les affaires de l’Etat, est la raison pour laquelle elle maintient ostensiblement sa mainmise sur les institutions du pays.


Combien de fois n’a-t-on pas entendu, ici et là, que si le roi gouverne c’est parce que le Parlement, le « cirque » comme l’avait traité un jour Hassan II, est dans l’incapacité de fournir une vraie majorité, seule capable de mener à bien la barque de la nation. « Il n’y a pas de vrais partis politiques au Maroc, et la relève tarde à se concrétiser », croassaient encore il y a quelques semaines certains hommes du roi en direction de parlementaires européens en visite à Rabat.


Si cet état des lieux n’est pas totalement inexact, il n’a jamais empêché le Palais de brider les partis, surtout ceux dont le discours, l’idéologie ou les ambitions ne lui plaisaient pas. Les formations politiques actuelles sont le résultat de décades d’une structure autoritaire et manipulatrice qui, outre la falsification des urnes, permettait l’intromission de la corruption et de l’achat des voix dans les rendez-vous électoraux. Cela ne va pas changer.


Car on n’est pas dans le cas de figure d’une société, la marocaine, incapable de donner naissance à des partis efficients et démocratiques. On est plutôt dans un autre cas de figure, celui d’un régime qui n’accepte pas de cohabiter avec un parti fort qui pourrait demain, dans un proche ou lointain avenir, et sur la base du mandat reçu par ses électeurs, contester le pouvoir absolu de la monarchie.


Voter pour quoi si tout ce cinéma d’élections législatives, tout ce théâtre d’ombres, a pour seul but de sauver le trône d’une possible accélération de l’histoire qui risque de balayer tous les régimes arabes.


En juillet dernier, pour sauver son omnipotent bazar, le roi Mohamed VI a misé tout sur la réforme de sa constitution. Mais au lieu de mettre cette réforme entre les mains d’une assemblée constituante démocratiquement élue, dont la légitimité n’aurait été contestée par quiconque, il a préféré charger son premier conseiller (Mohamed Moatassim) et un professeur constitutionnaliste proche du palais et devenu depuis peu conseiller royal à son tour (Abdeltif Menouni), du rafistolage de la charte octroyée aux Marocains par son père.


Après, le souverain n’a pas hésité à mettre en branle la machine de l’Etat pour faire pression sur les citoyens et les pousser à voter dans un sens favorable à ses desseins. Il a même fait appel aux imams des mosquées, dont la plupart sont des fonctionnaires du ministère des Habous et des affaires islamiques, pour conseiller leurs ouailles du vendredi d’aller voter « oui » à la nouvelle constitution. Faisant ainsi fi de l’interdiction qu’il a lui même imposé aux partis politiques d’utiliser la religion dans des débats politiques…


Aujourd’hui, vendredi 25 novembre, le sultan a mis tout son poids et celui de son Makhzen dans la balance pour, encore une fois, pousser les Marocains à participer au scrutin des législatives.


Mais là il y a danger. Si le ministère de l’intérieur, en vieux routier du bourrage des urnes et des pannes d’ordinateur au moment du comptage des votes, ne bouge pas, et si le cher peuple n’entend pas la voix du père aimant et reste chez lui ou vaque à ses occupations, Mohamed VI pourra ce soir mesurer l’ampleur de sa popularité.


Tous les indicateurs, étrangers et nationaux, signalent un taux d’abstention record. Si cela se confirme, Mohamed VI en aura pour son dirham. Ce sera peut-être la divine surprise qu’on attend depuis un certain temps.


Le début d’une nouvelle ère, une vraie ?

 

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