Parlons encore du martyr de la Fac

Le 10 Janvier, nous rencontrons à Marrakech quelques personnes qui nous parlent du "Martyr". Pour premier, Youssef Lotfi, 22 ans, étudiant en économie à l'université de Marrakech et Elghalia Boudkour, elle aussi étudiante, sœur de Zohra, une des étudiants arrêtés le 14 Mai 2008. Ils nous parlent des événements tragiques qui provoquèrent la mort d’Abderrezak Kadiri. Tous deux militants de la voie démocratique basiste, une faction de la gauche marocaine d'inspiration maoïste, dans laquelle  militait aussi le martyr.

Ils nous disent que tout a commencé quand nous sont parvenues les nouvelles des bombardements israéliens de la bande de Gaza, le 27 Décembre 2008. Dans le même après midi, les étudiants de la voie démocratique basiste ont organisé une manifestation de solidarité avec le peuple Palestinien en sortant de la citadelle universitaire. La police est intervenue en force, encerclant la faculté. Les premiers affrontements ont commencé autour de 15 heures. Les étudiants cherchaient à s'éloigner de la citadelle universitaire, parce qu'ils ne voulaient pas que la police l’envahisse, comme cela s'était passé le 14 Mai. Ils se sont dirigés vers les quartiers populaires et, en cette occasion, Meriem Bahmou a été arrêtée, le seul témoin en charge du procès contre les étudiants arrêtés  le 14 Mai.

Le jour d’après, le 28 Décembre 2008, les étudiants se sont dédiés à des activités de sensibilisation et sont après sortis de la cité universitaire pour se rendre au centre de la ville où ils entendaient  manifester pour Gaza et pour la libération de leur compagnons emprisonnés. Ils étaient 1000 ou bien 1200 personnes et il y 'avait aussi les familles des détenues politiques parmi eux.

Autour de 20 heures, ils ont été encerclés par les forces de la police et les affrontements ont commencé, surtout dans le quartier populaire Unité 3. Les militants de la voie démocratique basiste étaient 20 ou 30.
La police a mâté durement, utilisant les matraques et les barres de fer que les policiers ont pris d'un bâtiment en construction dans le  voisinage. Ils ont frappés les étudiants sur la tête et sur le corps, jusqu'à tuer Abderrezak Kadiri. D’autres étudiants ont été frappés sur la tête et aussi sur le corps, environs une quarantaine a été blessée, parmi eux Toufik Chwini, le frère de Mourad et Outhman Chwini, deux autres détenus à cause des faits du 14 Mai.

Quand ils ont su de la mort d’Abderrezak, les étudiants ont boycotté les examens pour 2 semaines et ont organisé une marche vers la morgue, en signe de solidarité avec la famille.

D’Abderrazak Kadiri, nous dit Mustapha Errachidi, un avocat de l’AMDH (association marocaine pour les droits de l'homme), était l’enfant aîné d'une famille très pauvre. Tous les espoirs de cette famille étaient mis en lui, et lui, déjà, dés maintenant réussissait à leur venir en aide, contribuant au maintien de cette dernière avec sa misérable bourse d'études.
D’après ce que nous avons réussi à comprendre, poursuit l'avocat Errachidi, le jeune homme  est mort une journée après son hospitalisation, le 29 Décembre, mais seulement le 31, les responsables de l’hôpital ont convoqué la famille pou qu’elle constate le décès.

La famille s'est adressée à l'AMDH qui à travers l'avocat Errachidi et a demandé une autopsie. On leur a répondu que celle-ci a déjà été faite aux termes du procureur du Roi et qu'ils connaitront la réponse après l’achèvement de l’enquête

L’avocat Errachidi a aussi demandé qu’on écoute les 6 étudiants arrêtés et témoins des faits: ils sont prêts à donner  le nom des 3 autres officiels de la police qui ont donné l'ordre de tabasser les les étudiants. Il s'agit d'un officiel de la DST (les « services » marocains), un autre de la sureté nationale, et une tierce de la garde universitaire.
La famille, dans un premier temps, a demandé que la lumière soit faite sur les faits, ajoutant à cela le refus de remettre la dépouille mortelle, avant que l'on rende public le résultat  de l'autopsie.
Puis à l'improviste quelque chose a changé, et le père a accepté de faire enterrer le cadavre. Il parait qu'il ait eu un désaccord entre les membres de la famille, quelques uns voulaient maintenir une ligne de majeure fermeté, alors que les autres -le père entre autres - auraient reçu des pressions et des intimidations, même de la part du Wali de Marrakech (une sorte de "préfet"), à travers un avocat qui est aussi membre du parlement.

Les étudiants nous disent qu’actuellement la maison de la famille serait  rigoureusement surveillée par la police, qui interdisent à quiconque de s’approcher.
L'avocat Errachidi nous raconte son effarement en contactant la famille, après les derniers événements, on lui a répondu " ce qui est fait est fait, c'est la volonté de Dieu".

Les étudiants nous disent que ce n'est pas la première fois que la police tue des étudiants durant des manifestations contre Israël. Ils nous rappellent la mort de Zoubida Khalifa, Souad Saaidi et Adil Ajrawi, à Fès en Mars de 1988, l'assassinat au commissariat, de Grim Mohammed, en 1979 à Casablanca. De tout un autre signe est le comportement de la police vis à vis des manifestations conduites par les diverses forces de la gauche radicale. Au courant des mêmes journées durant lesquelles, la répression tuait  Abderrezak, se déroulait une manifestation du parti islamiste(PJD) dans la faculté des sciences, mais la police ne s'est même pas faite voir.
 

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