Congrès de l'AMDH  

   
L’Association marocaine des droits humains (AMDH) s’apprête à élire un nouveau président, et à trancher sur une question essentielle : que privilégier, le discours ou le terrain ? Le politique ou le social ?

Le huitième congrès national de l’Association marocaine des droits de l’homme n’aura finalement pas apporté de nouveautés. Tenu du 19 au 22 avril à Skhirate, il a plutôt confirmé la mainmise des partis d’extrême gauche sur ses structures. Annahj Addimocrati (la Voie démocratique) et le PADS (Parti de l’avant-garde démocratique et 
socialiste) ont, comme prévu, raflé la part du lion. Sur les 75 membres de la commission administrative, élus le week-end dernier, une cinquantaine appartiennent à l’une des deux formations. Quant à l’élection du nouveau président et du bureau central de l’Association, elle a été fixée pour le 6 mai prochain. Et selon toute logique, ses résultats devraient découler de la mainmise d’Annahj et du PADS. Un mal nécessaire qui, selon Fouad Abdelmoumni, militant associatif et ancien vice-président de l’AMDH, “compromet sérieusement l’indépendance et l’attractivité de l’Association, tant au sein de la société que face à ses différents interlocuteurs”.


La dominance des deux partis précités s’explique d’abord par des raisons d’ordre pratique. Si l’AMDH revendique quelque 8000 membres, seuls 3000 d’entre eux sont à jour en termes de cotisations et peuvent donc voter pour l’élection des membres de la commission. Et ils ne sont autres que les membres et militants d’Annahj et du PADS : quelque 40% des 413 participants au congrès émargeaient au premier et 30% au second. Deux formations somme toute très proches l’une de l’autre, et qui se disputent déjà le leadership dans d’autres associations dont, toujours dans le chapitre droits de l’homme, le Forum vérité et justice.


L’AMDH se pose aujourd’hui des questions. Non seulement pour savoir qui, d’Annahj ou du PADS, héritera de la présidence, mais aussi pour tracer la nouvelle orientation de l’Association. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le congrès a été placé sous le thème : “Ensemble pour une constitution démocratique, le Maroc de la dignité et de l’intégralité des droits humains pour tous”. On l’aura compris : après des décennies de lutte contre la répression politico-policière, le discours de l’Association prend désormais une connotation plus politique, en se focalisant sur la réforme de la Constitution… chose qui n’est pas toujours en adéquation avec le rôle supposé de l’ONG. Explication de Fouad Abdelmoumni : “Si les droits politiques, économiques, sociaux et culturels ainsi que le droit fondamental du pays sont le terrain de prédilection des associations de droits de l’Homme, il faut se garder des glissements voulant qu’une ONG se concentre sur un débat strictement politique”.


L’actualité est islamiste
Il faut dire qu’en matière de droits humains, l’actualité du royaume est, depuis quelques années, dominée par la donne islamiste : en dehors des diplômés-chômeurs, et de quelques faits-divers relevés ici et là, l’essentiel de la répression politico-policière s’abat, aujourd’hui, sur les milieux intégristes. Sauf que ces derniers ont déjà constitué leurs propres associations de droits de l’homme pour faire entendre leur voix. “Doit-on défendre un intégriste, ou un supposé terroriste ? La question a longtemps fait débat dans les rangs de l’Association. Aujourd’hui, on la traite au cas par cas, mais avec beaucoup de prudence”, relève ce militant de l’AMDH. Heureusement qu’il reste le terrain, le seul volet où l’Association conduite par Abdelhamid Amine semble en phase avec son temps. Et le terrain, c’est d’abord du social : manifestations contre la cherté de la vie, dénonciation des abus dans les coins les plus reculés du royaume… C’est un fait, l’AMDH est l’une des rares ONG à couvrir réellement, et plutôt efficacement, l’ensemble du territoire, ses sections étant même réputées plus actives et plus populaires que son administration centrale.

Pour autant, l’avenir de l’Association apparaît plus que jamais lié à l’identité et au profil de son futur président. Une chose est sûre : le dynamisme du président sortant, Abdelhamid Amine, sera difficilement remplaçable. Un Amine qui, à en croire des sources à l’AMDH, devrait rester actif au sein de l’Association, l’étiquette de numéro 1 en moins.

 
 

 

 

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